2017 : année de la femme et de la folk en Nouvelle-Zélande ?


Les bilans de cette année musicale 2017 sont sur le point de tomber. Certains, en particulier outre-manche, ont déjà tranché. Un nom revient – et en très bonne place – celui de la néo-zélandaise Nadia Reid. Quasiment ignorée ici-bas, aurait-on donc commis l’impardonnable en omettant de vous présenter son second album Preservation ? Le potentiel et tous les ingrédients étaient pourtant là. Son pays et sa ville  – la Nouvelle Zélande et Dunedin (Port Chalmers) – qui à leurs simples évocations nous font toujours vibrer, son timbre de voix – limpide et chaleureux – et son humeur – mélancolique. Le mélange augurait donc de belles promesses. Un premier album – Listen To Formation, Look For The Signs – en 2015 avait lancé dans le grand bain de la folk musique habitée la jeune artiste de 23 ans à l’époque. Elle y affichait en apparence déjà une belle assurance. Alors ? … l’épreuve du second album nous dirait tout !

Il lui faudra d’abord pas moins de 7 années pour arriver à boucler l’enregistrement de son premier. Cathartique, il comblera beaucoup de blessures intérieures. Reid s’entoure professionnellement des mêmes personnes depuis ses débuts ; par exemple : Ben Edwards est son producteur et ingénieur du son attitré depuis son premier EP en 2011. Sur les pochettes de ses deux albums elle n’hésite pas à se mettre en avant et soutient même notre regard sur le second ; le message doit passer ! Son sujet est pourtant strictement personnel : Preservation est un album sur une relation sentimentale qui s’est achevée dans la douleur. Très touchée par cette rupture Nadia Reid déclare même à un site néo-z : « c’est comme une dose de venin qu’on m’a injectée ». Un titre résume cet état d’esprit : “Richard”. Son écriture – dans un hôtel à Sydney – et l’enregistrement -dans le home studio de Ben Edwards à Lyttelton – en compagnie de son guitariste attitré Sam Taylor, permettra  à Reid d’expulser tous ses ressentiments et d’apaiser ses blessures.

Mais ce pic émotionnel va-t-il trouver sa juste transcription musicale ? Malheureusement non ! Ces ondes musicales ne sont porteuses d’aucunes charges émotionnelles, ces ‘neutrinos’ ont oublié en route leur polarité à l’image de cet opus dans sa globalité. Une première écoute de Preservation lors de sa sortie au premier trimestre 2017 ne nous avait pas enflammés. Plusieurs aujourd’hui ne bousculeront pas cette certitude, l’émotion est très professionnalisée et plus navrant il n’apparaît aucune fêlure propre à nous emmener vers quelque chose de spécial. Nadia Reid développe et enchaine sur une folk musique de qualité, la production est propre (trop et souvent !), les textures et climats sont finalement relativement variés, mais rien n’y fait on n’est pas durablement touché. La plupart des titres sont d’un grand classicisme. Les mélodies et les harmonies sont totalement maitrisées, l’élève respecte les codes au pied de la lettre.

Son album est constitué de quelques titres acoustiques : “Reach My Destination” , “Hanson St Part 2 (A River)”, ces morceaux dénudés auraient dû révéler leurs craquelures, ils n’ont en fait aucun défaut, le job est bien fait mais la sève ne coule pas. Une écoute à l’aveugle ne permettrait pas d’identifier aisément son auteure. En revanche chacun des titres de Preservation mériterait une explication de texte. L’autre versant du disque regorge d’un trop plein d’apparat. “Te Aro” chanson que Reid imagine comme une cérémonie intime rate sa cible. “I Come Home to You” est lui trop richement doté. Quelques très bons moments tout de même : l’intro et le motif récurrent et discret d’accords de guitares sur “Preservation’’, on pense quelques secondes à This Mortal Coil. Ce titre est une belle réussite. Dans un autre genre, le très popisant “The Way It Goes” résonne de belles vibrations (vocales et de guitares).

Beaucoup trouveront à l’écoute de Preservation tout ce que l’on peut décemment rechercher, à savoir de bonnes mélodies associées à une voix magnifique serties d’arrangements nickel. Et si finalement on n’assumait pas ? La vérité est ailleurs ! La nouvelle Zélande a cette année sorti et confirmé deux artistes de la même génération distants géographiquement seulement de quelques centaines de kms. La coïncidence est belle. Il n’en demeure pas moins que notre voix à l’heure des bilans ira sans trembler vers la folksinger de 27 ans Aldous Harding bien moins lisible que sa compatriote Nadia Reid.

Basin Rock – 2017

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Tracklist :

  1.  Preservation
  2. The Arrow And The Aim
  3. Richard
  4. I Come Home To You
  5. Hanson St Part 2 (A River)
  6. Right On Time
  7. Reach My Destination
  8. Te Aro
  9. The Way It Goes
  10. Ain’t Got You