La chanteuse et guitariste américaine Adrianne Lenker et ses mystiques Big Thief lézardent au son d’une folk musique rêveuse.


U.F.O.F. (Unidentified Flying Object « Folky ») est le nouvel objet parfaitement identifié du quatuor Brooklynois Big Thief. L’écoute de cet amical (Friend pour le dernier F de UFOF) message de bienvenue est vivement recommandé à tous les fervents de musique cool – en incluant bien sûr les hypothétiques visiteurs d’un autre temps ou d’un autre lieu désireux de découvrir les mœurs et coutumes de la galaxie indie-folk de l’an 2019.

Ce troisième album en quatre ans, des américains Big Thief – fondé en 2015 – par la native de Minneapolis Adrianne Lenker et le guitariste Buck Meek auxquels sont venus se greffer le bassiste Max Oleartchik et le batteur James Krivchenia ressemble déjà à un aboutissement pour tous ces musiciens, il cumule en effet toutes les promesses (minus les faiblesses) de leurs deux précédents opus – l’effrontément nommé Masterpiece en 2016 et le plus audacieux et remarqué Capacity commercialisé un an plus tard.

L’hyperactive Adrianne Lenker – ceinture noire de taekwondo, passionnée et précoce (elle a commencé à composer à l’âge de 8 ans,  a aussi enregistré deux disques avec son père) est pleinement investie dans son art (ce nouvel opus fait rapidement suite à Abysskiss son album solo de 2018). Lenker est un nom qui commence à compter dans le landernau de la musique indé. Et c’est réciproque, la musique est son karma, elle est aussi indispensable et vitale à son équilibre personnel que l’air qu’elle respire.

D’ailleurs, succès ou non, sa quête restera immuable et U.F.O.F. en est la preuve magistrale. Cette nouvelle bouteille lancée dans le vaste océan discographique ne demande qu’à libérer son contenu : une essence rare – un savant et homogène dosage de douces et intimistes mélopées folkisantes délicatement accompagnées par le timbre de voix mutin et fragile de Lenker. Econome d’effets bien que non dépourvue de moyens cette folk chimérique va nous bercer 44 minutes durant. La grande force et la magie de ce troisième LP est l’impression d’un substrat homogène et fragile de 12 morceaux couchés rien que pour nous et improvisés dans l’instant (de son écoute). On a donc grand mal à imaginer son enregistrement saucissonné sur plusieurs semaines.
Attention, son écoute par bribes est aussi carrément proscrite.

L’environnement rural du studio de Bear Creek, situé à Woodinville dans l’état de Washington explique certainement beaucoup de choses. En communion avec mère nature, U.F.O.F. exhale une grand liberté et suit le cours reposant d’une journée idyllique au contact de la nature. La spirituelle Adrianne Lenker sonde les événements de son enfance et pose les jalons de son futur. Les 12 compositions sont très souvent contemplatives et merveilleusement accompagnées par son timbre de voix languide. Chaque titre qui se succède se nourrit du précédent, cette farandole intimiste ponctuée de délicats picking de guitares ne sera jamais intense, la grande majorité des captivantes compositions de la douce Adrianne ne seront que rêverie et onirisme. En mode franchement acoustique (“Orange”, “Terminal Paradise”) ou plus électrique (“Strange”, “Jenni”) l’émotion demeure comparable.
Pendant féminin de Sufjan Stevens, fan d’Elliott Smith et de Joni Mitchell,  cette voix singulière voit sa route merveilleusement toute tracée. New Folk, New Routes ! Bon vent à Big Thief et sa cheftaine Adrianne.

4AD – 2019

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