Fort d’un premier album tenant déjà du chef d’oeuvre, Cass nous revient avec un deuxième qui affiche une maîtrise encore plus… parfaite. Voici Prefection.


Le premier titre, « Equinox », laisse la même impression qu’avait laissé A, premier album de Cass McCombs, l’année dernière. Mais ce n’est qu’une apparence car le propos s’est complexifié et diversifié, ce qui est assez atypique pour un toujours attendu deuxième opus qui ne prend habituellement pas vraiment de risques (d’où probablement sa mauvaise réputation). En tout cas, les références citées jadis (Brian Jonestown Massacre, Velvet Underground), bien que toujours d’actualité (« Multiple suns » pour le premier), sont ici effacées par une autre, qui semble bien plus évidente (bien que vraisemblablement involontaire) ici et qui témoigne du talent et des ressources de Cass : Badly Draw Boy.

Le même sens de la mélodie (écoutez « Substraction » et son refrain pop joyeuse – du genre qu’on fredonne quand tout va bien, et qu’on a envie de le faire savoir). Le même faux ton de Droopy qui fait la moue mais qui en connaît tout un livre sur la sagesse et le bonheur d’être un artiste. Le même modus operandi aussi, à savoir les instruments qui mettent en valeur les compositions : piano, synthé, basse… On dirait que Cass s’est en fin de compte libéré, et tout ce qui restait en veilleuse auparavant est ici comme lâché, décomplexé, sans ses autorégulations que l’on s’impose à soi faute d’assez d’assurance. Exit le minimalisme et la réserve. Ici, la batterie accompagne les élans vocaux du chanteur, les guitares se font plus rock… voilà, le mot est lancé, cet album est rock. Et on comprend mieux qu’il soit actuellement en tournée avec Modest Mouse aux USA. Joli tremplin en tout cas.

Et dire que je voyais en A un chef d’oeuvre… Non pas que je veuille revenir sur cette chronique, mais enfin, au vu de celle-ci, il semble que soit le bonhomme soit abonné aux chefs d’oeuvre, soit ‘son’ chef d’oeuvre, s’il est encore à venir, obéit à des standards très haut placés. Remarquez, passer du A de l’art avec un grand a à Perfection, c’est dire si on lui a mis la puce à l’oreille… Sauf qu’il ne s’agit pas de Perfection mais que cela s’écrit Prefection – nuance – si bien que le label 4AD et d’autres chroniqueurs sont tombés dans le piège… Preuve s’il en est de la perfection de Prefection

Son site se veut toujours une vitrine ouverte à tous les tableaux qu’on voudra bien lui envoyer (et qu’il voudra bien suspendre sur sa toile). Les infos sur le bonhomme sont aussi rares que des edelweiss au Mont Blanc… Enfin, son disque vaut le détour et c’est ce qui nous intéresse ici.

Petite cerise sur le gâteau, à la fin du dernier titre, « All your dreams may come true », une alarme retentit pendant six minutes, histoire de contredire le titre du morceau ? La première fois en tout cas qu’une alarme fait l’effet d’un grillon, car petit à petit on se laisse aller, à l’affût d’autres bruits. La preuve que ces alarmes ne servent décidément à rien, trop banalisées qu’elles sont dans nos citées…

-Le site de Cass McCombs

-La chronique de Badly Drawn Boy : one plus one is one