« Un album court avec une vision étendue », ainsi est décrit Hall Music dans le livret qui accompagne le CD. Depuis le chéri Dear John (2009), l’ami Svanangen – alias Loney Dear – petit prince suédois de la lo-fi, ouvre ainsi son écriture intimiste à de vastes territoires sonores, de plus en plus sophistiqués et orchestrés. Mais pratiquement pas de débordement sur ce 7e opus, le format des compositions demeure très court, totalisant un peu plus d’une demi-heure d’écoute… On sait que lors de sa précédente tournée aux États-Unis, le songwriter se produisait avec un orchestre de chambre, bouleversant ainsi le caractère intimiste de ses petites madeleines folk. Hall Music prend le pari d’assimiler ces nouvelles données acquises en collectif. On est bluffé par l’ambiance « organique », presque méditative, qui imbibe ces onze compositions. Une musicalité à deux vitesses, d’un côté minimaliste et de l’autre mouvante, où sourdent quelques accointances avec les paysages à la fois majestueux et silencieux de Sigur Ros. Aussi dense Hall Music soit-il, la méthode artisanale de Loney Dear n’a pourtant pas bougé d’un iota : le suédois continue d’enregistrer, arranger, produire et mixer ses disques par ses propres moyens, dans son appartement de Stockholm. Une petite poignée de musiciens viennent étoffer l’ossature (un trombone par-ci, un vibraphone par là, une chorale sur un titre) mais bien peu de chose au finale devant l’ampleur de l’œuvre accomplie en solo. Hall Music est un disque pris entre deux courants, une fusion environnementale et synthétique, avec pour vase communiquant de purs moments d’émotions (les divins « Blues » , « Heart », « I Dreamed about You »…). On se prend tout de même un peu à regretter l’absence d’une ou deux chansons un peu plus directes, histoire de donner un petit coup de fouet à cet admirable disque pacifique, pris entre deux feux.
Loney Dear – My Heart from AdF / Newfoundland Tack on Vimeo.