Troisième opus de ce drôle de trublion canadien qui réinvente la pop à « guitare molle ». Irrésistible.


Comme son nom bizarroïde l’indique, Mac DeMarco est une sorte d’énigme, apparue sur les radars musicaux indépendants en 2012. Sur son premier essai, Rock N Roll Night Club , ce Canadien jouait volontiers les Lou Reed d’aujourd’hui, à savoir un personnage androgyne qui se veut cependant viril, et affichant une maturité précoce du haut de ses… 21 ans. Son style, extrêmement marqué sur chaque composition -sonorités 80 ‘s aux constructions contemporaines – est si facilement identifiable que l’on voit bien le garçon continuer à explorer cette voie, l’album sobrement intitulé 2 paru la même année tendant à confirmer ce constat.

Pourtant, en 2014, ayant bien battu le pavé sur le continent Nord-Américain, suivi de commentaires à la pelle ici et là de ses exploits sur les planches (apparitions nues sur scène, délires guitaristiques, plages atmosphériques…), le gentil chroniqueur normalement bien armé en adjectifs divers et variés se sent ici bien désarmé, tant beaucoup se sont essayé à dépeindre cette musique simple en apparence… mais sur laquelle nombreux sont ceux à s’être rongés les gencives à vouloir décrire ce petit quelque chose qui la rend pourtant si différente. « Blue wave », « Pop », « Surf Rock », voire « Folk »….

« Salad Days », titre éponyme qui lance l’album le plus naturellement possible, semble confirmer cette dernière suggestion folk. Osons qu’il y a quelque chose des intermittents de Department Of Eagles chez ce jeune homme dans cette façon qu’il a de rendre l’atmosphère mélancolique avec une guitare sèche et trois accords comme s’il jouait chez vous (la touchante « Let My Baby Stay »), et aussi qu’il serait dans la même veine que le prodige Trevor Powers (le multi instrumentiste de Youth Lagoon) avec cette capacité à créer des ambiances d’un autre âge dans lesquelles il semble noyer sa voix dans des bruitages invraisemblables (« Passing Out Pieces ») voire, un soupçon du disparu-des-radars Elvis Perkins pour cet attrait qu’ils partagent tous deux du folk urbain mêlant sonorités gaies au désespoir le plus lancinant (« Goodbye Weekend », « Brother »).

Cependant Mac DeMarco semble flotter tranquillement au-delà de ces comparaisons, comme si sa facilité à composer pouvait sauter aux oreilles, et qu’il en avait suffisamment sous le coude pour préserver leur sobriété à ses compositions, et ainsi mettre ses mélodies évidentes mais efficaces en avant. Alors que « Chamber Of Reflection » sonne comme un écho de ses débuts très 80’s, notre homme clôture son offrande dans la même veine par l’instrumentale « Johnny’s Odyssey « , merveilleuse façon de réintroduire le silence. Et à ceux qui, à ce moment précis, resteraient de marbre, Mac deMarco a ces mots sur « Goodbye Weekend » : « If you don’t agree with the things that go on within my life, well honey, that’s fine, just know that you’re wasting your time ». En clair : laissez-vous porter.