La Glasgow Connection brille de mille feux sur ce disque épique et orchestré, marqué par l’implication de quelques fines voix des Iowlands. Notamment la participation du très rare Paul Buchanan de Blue Nile.
En dépit de la distance géographique, le label Marina basé à Hambourg entretient une relation étroite avec Glasgow. Son catalogue en témoigne, de Paul Quinn aux Pearlfischers en passant par Malcom Ross, ces trésors cachés sont intimement liés à feu le culte label Postcard records. Il n’est donc guère étonnant que la nouvelle sortie de la maison germanique s’inscrit dans ce sillage, avec Starless, ambitieux projet écrit, composé et orchestré par le glaswegian Paul McGeechan, claviériste du groupe Love & Money. Autant prévenir d’emblée que cet ouvrage de pop orchestrale n’a pas grand chose à voir avec la pop/funk new wave qui a fait le succès du trio dans les années 80.
Le Starless dont il est question ici, et qui a nécessité deux années de labeur, se rapproche plutôt de la galaxie épique et mélancolique de The Space Between Us, du maestro Craig Armstrong (tiens, encore une figure locale…). Le rapprochement n’est pas isolé puisque Paul Buchanan, la voix de Blue Nile en personne, y appose son timbre déchirant sur la somptueuse chanson titre de l’album, emporté par les cordes vertigineuses de l’orchestre philharmonique de Prague, également à l’oeuvre sur les dix autres compositions. L’idée d’entendre l’auteur de « Let’s Go Out Tonight », chanter à nouveau sur disque – sa première apparition depuis 2012 – et si bien entouré, justifie à elle seul l’écoute de cet album.
C’est sans compter sur la Scottish Connection qui brille de mille feux sur ce disque cinq étoiles, marqué par l’implication de quelques fines voix des Iowlands, dont Karen Matheson (de la formation folk Capercaillie), Julie Fowlis et Chris Thomson (leader des vétérans pop The Bathers). Le chant brisé de ce dernier sur le classieux et lacrymale “Misty Nights” n’a d’ailleurs rien à envier en terme d’intensité émotionnelle avec la performance de Paul Buchanan. “The Surge of the Sea”, autre splendeur qui nous cueillle délicatement à mi-parcours, est porté par ni plus ni moins par trois voix féériques (Julie Fowlis, Kathleen MacInnes et Karen Matheson). Mais aussi cet “Apocalypse”, aux arrangement de cordes des plus somptueux, et dont la voix cél(es)te de la méconnue Kaela Rowan atteint des hauteurs insoupçonnées.
Certainement peu de disques cette année pousseront le soucis du détail à un tel niveau d’exigence. C’est aussi ce qu’on pourrait reprocher à Starless: un perfectionnisme qui aurait tendance parfois à lisser les bords. Mais cette esthétique du grandiose est aussi indissociable du charme de Starless. Ceux perpétuellement en quête de la pop song parfaite inscrite sous le sceau de Scott Walker seraient très avisés de porter une écoute sur Starless.