On gardait un souvenir vif de To The Fire, second album embrasé du duo folk/rock rennais The Missing Season. En regard de cette boiserie raffinée, il était évident que la fine paire Nicolas Gautier et Marin Perot n’allait pas en rester là et prendre encore de l’ampleur.
On gardait un souvenir vif de To The Fire, second album embrasé du duo folk/rock rennais The Missing Season. En regard de cette boiserie raffinée, il était évident que la fine paire Nicolas Gautier et Marin Perot n’allait pas en rester là et prendre encore de l’ampleur. Deux albums plus tard, le duo est désormais passé quintette et leur approche sonore s’en voit logiquement évoluer. Mieux, elle s’est densifiée. The Missing Season a élargi ses champs lexicaux au-delà de la folk et ses nappes atmosphériques, vers des territoires électriques post-punk, slowcore et shoegazy, roulant plus que jamais à pleine allure vers des destinations musicales cinégéniques. Serait-ce un hasard si son quatrième album, After Hours, emprunterait son nom au film le plus à part de Martin Scorsese, l’histoire d’une soirée balançant entre rêve et fantasme en compagnie de l’icône eighties Rosanna Arquette ? La version de The Missing Season en serait alors l’épilogue romantique, la BO d’une balade nocturne qui touche à sa fin, lorsqu’il faut se séparer au moment des premiers rayons de soleil qui transpercent la nuit. Les couleurs de l’aurore sont ici dépeintes par les guitares incandescentes. L’arsenal sonique déployé serait capable de déclencher un champignon atomique, mais le quintette préfère choyer les mélodies élégantes. Car sous le brasier shoegaze, perce dans le chant à l’unisson de Gautier/Perot quelque chose d’une mélancolie hantée. Des refrains affirmés, une écriture supérieure acquise par leurs racines folk… ces onze compositions solides renvoient au meilleur de la scène britannique du début des années 90. « Don ‘t You Fade Away Baby » renoue avec la noblesse du premier album de House of Love. Avec « Day is Out » et « Just Don’t Know », ce sont les effluves soniques de Slowdive alliées au sens pop tragique des Trash Can Sinatras qui nous interpellent. Côté coups de sang, sur le suprême « Can’t You Realize », les inflexions vocales louchent délicieusement sur celles de Paul Banks d’Interpol. Même sur les hymnesques « Partied Out » et « The Ocean Song », The Missing Season a le bon goût de ne pas trop forcer le trait. Et le meilleur est gardé pour la fin, « Taxi Silence », impressionnante chevauchée électrique sur les traces de « Cortez The Killer » du Loner. Une piste à sérieusement approfondir pour la suite. Du très bel ouvrage en somme.
The Missing Season – Partied Out (2013) from The Missing Season on Vimeo.