L’hyper-actif John Dwyer revient accompagné d’un nouveau line up taillé pour faire parler la poudre psyché-garage. Les voisins vont adorer.
Début 2014, la nouvelle surprend : Thee Oh Sees annoncent un « hiatus d’une durée indéfinie ». Cependant, le fan hardcore, se remémorant la théorie sur la relativité, ne tomba pas en dépression, et aura eu, finalement, à peine le temps de réviser la discographie ultra fournie (et inégale, lâchons le mot) de son groupe préféré. Il put s’atteler à l’écoute de la tentative électro de John Dwyer sous l’appellation Damaged Bug (Hubba Bubba) le mois suivant, puis, en avril (oui, de la même année) de Drop, nouvel album du groupe avec line up originel. Les soupçons comme quoi John Dwyer serait en fait un extra-terrestre sont apparus lorsque le public a compris qu’il tournait partout aux US sur la même période avec sa mini formation ultra-explosive, Coachwhips…
Puis, durant une longue année passée sans sortie officielle, John Dwyer aura quitté San Francisco, et opéré à un changement drastique d’effectif : exit Brigid Dawson, Mike Shoun, et le virevoltant guitariste-bassiste Petey Dammit, pour accueillir une formation effrayante faite d’un bassiste (un vrai) et de… deux batteurs. Les espoirs d’un retour des Thee Oh Sees en mode endiablés se concrétisent vite à l’écoute de ce Mutilator defeated at last. Sur « Lupine Ossuary », le gourou du garage déchaîne les éléments et convoque la foudre dans un grondement de distorsions et de solos rappelant le grand Jimi, épaulé par une paire de batteurs la jouant synchro, et dont l’utilité semble être de rajouter au fracas et à l’agressivité qui créa la légende du groupe. Bingo ! Cette formule a donné des ailes au tatoué en short le plus célèbre de la planète garage, qui s’éclate, vociférant sur « Whitered Hand » un chant plus en avant et agressif que jamais, tandis que « Poor Queen » et « Turned out lights » font renaître le Krautrock sur-vitaminé de Carrion Crawler/ The Dream, noyé dans un excès jubilatoire de larsens et de cymbales… dédoublées.
Un ovni (« Holy Smoke ») se propose de calmer un peu les esprits, et de rappeler que l’homme est aussi un mélodiste doté (et oui) d’une sensibilité musicale de premier plan (« Sticky Hulk » et ses effets bizarroïdes, ou le final « Palace Doctor »). Mais si ces plages reposantes sont les bienvenues au milieu de ce jouissif vacarme, reconnaissons que c’est bien dans l’excès que John Dwyer est le meilleur. Le meilleur de tous ?