Tout là-haut dans les cieux, John Fahey et Robbie Basho doivent fièrement contempler leur héritage.
Tout là-haut dans les cieux, John Fahey et Robbie Bashô doivent fièrement contempler leur héritage. L’école Takoma s’est renouvelée depuis les années 60, s’expatriant aujourd’hui de Londres jusqu’à Tel Aviv où de nouvelles générations de guitaristes primitifs reprennent le flambeau : le douze-cordistes anglais James Blackshaw et l’israélien Yair Yona constituent cette jeune et brillante relève de la guitare dite « primitive ». Si sa discographie n’est pas encore aussi conséquente que celle de son jeune confrère britannique, le prodige isolé du Proche-Orient a toutefois sorti en 2009 Remember, un premier album tiré à 300 exemplaires, très vite repéré pour sa belle singularité et réédité par Strange Attractors aux États-Unis. Son second album sort sur ce même label sous le haut parrainage de l’incontournable passeur Glenn Jones – un morceau lui est d’ailleurs dédié sur l’album. Pourtant, malgré les nombreux hommages et références qui jalonnent son livret, World Behind Curtains n’est pas un album de pure « guitar steel », mais serait à considérer plus largement comme un disque instrumental. Dans une volonté ambitieuse de s’affranchir de l’exercice solitaire de la guitare-orchestre, tout en restant respectueux de ses ainés (à l’instar de Blackshaw), le finger-picking de l’Israélien se frotte à d’autres mondes, nouant sur ces huit compositions des dialogues harmonieux avec un solo de trompette (« This one’s for you Glenn »), une section de cordes (l’énigmatique et très beau « Mad aboutYou ») et d’autres particularités régionales (le choc des cultures israélo-americana sur l’hypnotique « Poetry Nights in Vallaha »). Pourtant, dès les arpèges d' »Expatriates » se grimant progressivement de drone saturés inquiétants, l’âme voyageuse de Robbie Bashô plane… Indéniablement, ce sont derrière ces rideaux que se dévoile l’avenir de la douze-cordes.