Après sept ans d’absence, Maria McKee présente sur son propre label son nouvel opus Hive Dive, quatrième album de sa carrière solo à l’éclectisme musical et la qualité d’écriture qui ont fait sa renommée.
Autant l’avouer d’entrée, je n’ai jamais été vraiment touché par les albums de Maria McKee. Pourtant, je garde un profond attachement à cette américaine lié essentiellement à ces prestations scéniques.
Cette relation remonte déjà à plusieurs années. Je l’ai découverte en 1985 alors qu’elle jouait avec le groupe Lone Justice qui avait le bon goût de mélanger punk-rock et folk. Déjà McKee dans son écriture télescopait différents genres musicaux, éclectisme des genres qu’elle développera dans sa carrière solo. De cette période avec Lone Justice, je garde en mémoire surtout des concerts où je découvrais une jeune femme à la moue bougonne qui la rendait séduisante, une voix incroyable et surtout une « bête de scène ».
Comment ne pas succomber à ce charme, à cette énergie, à cette puissance vocale que dégage Maria McKee à chaque concert ?!
D’albums en albums, j’étais comme frustré de ne pas retrouver toutes les émotions des concerts, celles qui vous emportent pendant quelques instants, une heure voir plus vers des sommets où on oublie le quotidien. Alors qu’elle ne fut pas mon excitation de pouvoir écouter un nouvel album de Maria McKee, espérant retrouver l’intensité de ses lives.
Sept années séparent High Dive, quatrième album solo et Life is sweet dernier opus en date (1996). Sept ans d’absence passés à construire une vie privée, à collaborer avec d’autres artistes, Undertones, Talking Heads, U2, Steve Earle, à gérer son départ de sa maison de disque Geffen et à créer son propre label Viewfinder.
Libérée des obligations contractuelles qu’imposent les grandes maisons de disque, Maria McKee nous dit avoir eu plus de liberté créative pour la composition de High Dive. En effet, celui-ci renoue avec ses premiers albums en mélangeant soul, country folk et pop rock, un télescopage de cuivres et de cordes.
Mais à force de vouloir faire marier les genres, les chansons perdent en profondeur. High Dive souffre de cette veine opéra rock qui alourdit les compositions. A l’image de « Life is sweet », chanson dépouillée déjà présente sur l’album précédent et reprise ici : la puissance vocale d’origine qui se voit chargée d’arrangements sophistiqués qui au final perd en émotion.
Ce n’est que lorsque l’orchestration se fait discrète, comme sur les chansons « Be my joy », « To the open spaces », « no gala », « worry birds », que McKee convaint véritablement.
Même si les chansons de High Dive sont trop chargées, elles regorgent néanmoins de talents d’écriture que peu d’artistes peuvent se targuer d’avoir. Et c’est pour cette raison que l’album est attachant.
De par son côté inclassable et imprévisible, Maria McKee saura toujours nous séduire à travers ses chansons. Et si vous avez la chance de la croiser sur scène, fermer les yeux et laisser vous bercer par sa voix je vous assure que le voyage ne vous décevra pas.