Premier album chez Spitfire records, le sixième opus de Therapy? High Anxiety voit le retour de Chris Sheldon aux manettes et d’un nouveau batteur Neil Cooper. Oreilles sensibles s’abstenir.


Dire qu’il y a à peine une dizaine d’années, on proclamait haut et fort que le rock’n’roll était mort. Des séminaires étaient même organisés pour débattre et analyser ce déclin, la fin du règne de ce bon vieux rock titraient d’ailleurs certains magazines. Le rock’n’roll était bon pour les musées et leurs protagonistes pour une retraite anticipée.

A cette époque, il était de bon ton de surfer sur la vague du moment à savoir les débuts balbutiants de l’électro. Les groupes à guitare préféraient se cacher à moins d’être qualifiés de ringards. D’ailleurs il n’était pas rare de croiser dans des clubs d’anciens punks devenus DJ.

Et puis pour donner l’illusion que la musique se réinvente, comme dans la mode vestimentaire qui n’est en fait qu’une relecture de ce qui a existé, un nouveau courant arrive sur le marché. Vous pouvez ressortir vos guitares et rebrancher vos amplis, un nouveau regain d’intérêt pour le rock émerge. Comme quoi le grand guignol qu’est l’industrie du disque fait bien les choses puisque les jeunes de vingt ans aujourd’hui ont droit aussi à leur mouvement punk !

Malgré ces turpitudes, quelques groupes continuent leur chemin sans dévier d’un iota de leur ligne directrice de leur début. Therapy ? fait partie de ces incorrigibles meneurs qui d’album en album portent le flambeau du rock à guitare avec plus ou moins de réussite.
Même si certains de leurs albums n’ont pas été nos disques de chevet, on retiendra la manière et l’attitude. Car Therapy? a le sens de caresser l’auditeur à rebrousse poil, de poser le doigt où ça fait mal pour que les nerfs une fois tendus lâchent.

Les douze chansons (onze plus une cachée) qui composent High Anxiety sont menées tambour battant. Un rock sec et énervé se déverse sans relâche quarante minutes durant. Les guitares sous les effets de distorsion jettent leur sortilège en pâture dans « Hey satan you rock » ou comme dans le bien nommé « My voodoo doll ».
Ceux qui s’aventurent sur les terres de Therapy? savent de quoi il en retourne et pourtant J. Cairns nous prévient encore dans « Watch you go » que l’itinéraire peut être semé d’embûches.

Comme à l’image d’un monde qui s’entretue, les chansons de Therapy? se déchirent dans l’électricité sans trouver l’apaisement. Chez Therapy?, le sommeil est agité, les rivalités attisées s’affrontent dans une dernière explosion, mais est-ce vraiment la dernière ? (« this is the last blast baby »).
Il n’y a pas d’issue de secours, au lieu de contourner les obstacles J. Cairns et ses acolytes leur font face, seule manière de trouver la vraie sortie « if it kills me ».

L’intensité brûlante des compositions de High Anxiety bénéficie d’un travail de production à la hauteur des performances scéniques incandescentes du groupe. Chaque chanson est enchaînée dans un rythme essoufflant, l’auditeur encaissant les coups pour finir sur les genoux.

Le rock chez Therapy? se porte sans prétention, le profil bas et ironise sur les donneurs de leçons qui crachaient encore hier sur les guitares « nobody here but us anymore ».
Il y a peu de temps de ça, Lars Von Trier nous confiait que ses films ne combattaient pas son anxiété mais au contraire la développait. Ce n’est pas dans la musique de Therapy ? et encore moins avec High Anxiety qu’il trouvera un remède mais au moins pourra t-elle le soulager un instant.