Ces cinq lascars parviennent à ressembler à leurs modèles -peut-être malgré eux- (Grandaddy, Flaming Lips) sans pour autant tomber dans le piège du clonage insipide. Ce premier album psychédélique et féerique est un petit bonbon acidulé.
C’est fou ce que Sparklehorse a ouvert comme brèches. Voyez Grandaddy. Et c’est fou comme ces derniers semblent, à leur tour, être pris pour modèles. Dans ces derniers j’entends soit le groupe soit la maison de disques, car quand on a dans le paysage musical un Grandaddy il est clair que ça ouvre les oreilles de certains décideurs… C’est le cas ici avec Midlake, qui malgré la moyenne d’âge assez basse de ses membres, continue ce que Grandaddy a commencé dans The Sophtware Slump. Et ce qui est encore plus fou, c’est que tous ces groupes sont originaires de bleds paumés du fin fond de l’Amérique profonde, plouc et puritaine…
Midlake ce sont cinq étudiants de la North Texas School of Music qui ont décidé de former un groupe ensemble. Simon Raymonde (Cocteau Twins), producteur, passait par là, en tomba amoureux et décida de les produire et de les héberger sur son label européen, Bella Union Records (V2 en France). Le festival des Inrockuptibles en France et un autre en Espagne ont fini de faire de cette pupille un espoir plus que certain. Mérité.
Et force est de constater qu’outre la manière de chanter, comme un chien hululant, très proche de Grandaddy, on sent également un goût prononcé pour l’expérimentation sonore ultra-mélodieuse, très proche des grands Flaming Lips, et pas uniquement à cause des synthés que l’on dirait trouvés au détour d’une brocante…. Non seulement sur « Balloon Maker », où le synthétiseur est amené à créer des sons fantasques du plus bel effet, mais aussi et surtout sur le single « King Fish Pies », où l’utilisation de la flûte qui a l’air enchantée donne à l’ensemble un arrière-goût féerique qui manquait au paysage actuel du rock.
Ce qui frappe aussi sur ce disque, c’est que ces sons joyeux n’empêchent pas une certaine saturation ou amplification des autres instruments qui donnent cette touche rock hypnotisante à laquelle on reste accro comme un drogué face à son shoot. Les titres en sont jamais speed, mais ils laissent ici et là des traces indélébiles qui se savourent à profusion.
On n’ose imaginer ce que « Some of them are superstitious » aurait donné avec une production à la Phil Spector, orchestre classique à la rescousse d’une grandiloquence pourtant présente grâce au synthétiseur et à la flûte. Ou sur « The Jungler » où l’on a tout de même droit à une fanfare. Mais tout ça serait grandiose avec un orchestre, c’est clair. Ce qui laisse augurer d’un avenir plutôt flamboyant pour ce groupe qui n’en est qu’à son premier essai. Réussi donc. Chaque chose venant à qui sait attendre.
Le site de Midlake