Enième érection rock’n’roll en provenance des Etats Unis, Viva L’American Death Ray Music joue sur l’amnésie et récite son histoire du rock. Drogué, sexuel et électrique. Ennuyeux par la même occasion.
« U2, Stevie Ray Vaughan, R.E.M., ZZ Top, Robert Cray and many others have dipped into our “well” for inspiration. They all know one thing : Memphis possesses a kind of earthy electricity that spawns musical innovation, one that’s unique and sometimes beyond description.” Selon le Memphis Rock’n’Soul Museum, Memphis serait donc un lieu magique. Diantre ! Si Elvis Presley, Otis Redding, ou Jerry Lee Lewis peuvent étayer cette théorie mystique en va-t-il de même pour Viva L’American Death Ray Music ?
Le premier album de Viva L’American Death Ray Music, paru en 2001, s’appelait Welcome to the Incredibly Strange and Erotic World of The American Death Ray. Sur leur troisième album, A New Commotion, A Different Tension, on a finalement du mal à trouver l’étrange et l’érotisme n’a rien d’un univers élégant. Parce que le trio a appris le rock’n’roll dans les vieilles marmites, celles du Velvet Underground, des Rolling Stones ou des Modern Lovers, il sait que l’érotisme dans le rock se doit d’être crade et forcement à combustion rapide. Aux draps de soie, Viva L’American Death Ray Music préfère la raideur du parquet et le coït vertical.
Débraillées et sexy en diable, les chansons d’A New Commotion, A Different Tension affoleront ainsi sûrement le teenager un peu vierge et laisseront froid et ennuyé les autres. Car ces derniers les connaissent déjà. Jouant sur l’amnésie de l’auditeur comme un paquet de groupes actuellement, Viva L’American Death Ray Music n’invente rien et se contente de reprendre les leçons laissées par ses aînés.
Compositions primaires basées sur trois accords, riffs efficaces, rythmiques sèches et nonchalantes, guitares mordantes, le tout emballé dans un paquet d’énergie débridée, de frustration et de testostérone. On imagine volontiers la sincérité de l’acte. Ca sent la sueur et l’instinct, la bière et le garage, les drogues et les yeux meurtris par la lumière du jour. Ca vit, ça se déhanche furieusement. On imagine aussi Nicholas Ray, le chanteur de ce combo de Memphis, se rêver Mick Jagger ou Lou Reed. Mais ces lignes, aussi bien écrites soient elles, on les a déjà lues. Aux court circuits électriques que sont “The New Age” ou “New Commotion”, on préférera toujours réécouter les singles impeccables et bien plus incisifs en deux minutes trente des Buzzcocks. Il en va de même pour “Blue Cars” et sa basse hallucinée échappée du Piper At The Gates Of Dawn du Pink Floyd ou Any Given Hour et ses accents velvetiens.
Cuisinier, barman ou fleuriste : la vie des membres de Viva L’American Death Ray Music n’a rien de glamour. Et c’est peut-être là qu’il faut aller chercher leur salut. Brancher les guitares et délivrer un rock’n’roll râpeux et urgent les éloigne un court instant d’un quotidien morne. Et c’est déjà beaucoup.
Le site de Transsolar Records