Autrefois flamboyant, les Idlewild ne laisseront pas de grands souvenirs sur ce quatrième opus sans âme, rodant leur formule en mode « pilote automatique ». Dommage malgré un potentiel évident.
Dans un environnement médiatique devenu ultra concurrentiel qui ne laisse plus beaucoup de place aux musiciens vétérans et artistes « en développement » (terme utilisé par les majors), le quatrième album d’Idlewild est sorti en Europe au début du mois d’Avril dans une indifférence latente.
A l’heure où les premières places sont occupées par des jeunes coudes (au hasard Franz Ferdinand, Strokes, Bloc Party, Hot Hot Heat, The Rapture, Yeah Yeah Yeahs), certains n’ont pas encore sorti leur second album qu’ils semblent déjà relégués en touche. De la masse, combien seront encore là lorsque Sarkozy sera président (sic) ? Et le pire, c’est que les ventes ne suivent pas (les labels espèrent en tirer 10 000 exemplaires au maximum sur le terrain national).
Déjà là depuis 10 ans, les écossais d’Idlewild ont malgré tout réussi à perdurer – et fait assez rare – à se bonifier avec le temps jusqu’ici. Partis d’un premier album rageur mais conventionnel, le gang d’Edinbourg s’est révélé ensuite plus fin qu’il ne le paraissait sur les bouillonnants 100 Broken Windows (2000) et The Remote Part (2002). Avec la personnalité sensible du chanteur Roddy Woomble et de l’excellent guitariste Rod Jones, Idlewild était parvenu à se détacher des clichés indie-punk, se muant peu à peu en un groupe de pop mélancolique, teinté d’un romantisme rappelant maintes fois celui des Smiths, et se permettant de reprendre Bob Dylan sur face B. Sans pour autant renier la fougue des débuts, Idlewild possède à son répertoire quelques brasiers rock tel que “Tell Me Ten Words”, “These Wooden Ideas”, “Ideal Track”, “You Held the World in Your Arms”, “Live in a Hiding Place”…
Mais le tableau s’est un peu noirci. Malgré une qualité croissante, les ventes ne sont pas suffisantes pour se maintenir au premier plan. Le groupe doit certainement se coltiner les remontrances de Capitol pour pondre un single digne de ce nom. S’ajoute à la liste noire les récents départs au sein du groupe, on en conviendra que l’acheminement de Warning/Promises n’a pas dù être une partie de plaisir.
Les nouveaux venus Gavin Fox (basse) et Allan Stewart (guitare) ne semblent pas avoir modifié la donne musicale, si ce n’est accentuer le virage pop déjà entamé avant eux. Et du coup, on est déçu de ne rien trouver de neuf. Au premier regard, l’opus manque même de mordant : le plutôt efficace “Love Steals Us From Loneliness” ne surprendra cependant pas les habitués, un peu calqué sur “You Held the World in Your Arms”.
Warning/Promises peine à trouver un titre accrocheur. Il y a bien quelques refrains, mais l’ensemble pèche un peu par un sentiment de redondance et de manque d’attaque. Au milieu de ce disque boiteux, Roddy Woomble semble se morfondre toujours autant. S’il demeure un parolier inspiré, on peut lui reprocher de jouer un peu trop la carte de la désillusion et de ne pas trop varier son chant, ce qui peut au final se révéler agaçant.
Il y a pourtant des efforts de renouvellement, en attestent : les choeurs sentimentaux sur “Welcome Home”, le dissonant “I Want A Warning”, ou l’envolée épique à la The Edge sur “I Understand It”.
Les titres délicats sont plus présents qu’à l’accoutumée, parfois accompagnés de violons (« Not Just Sometimes But Always ») ou flanqués d’une production imposante (« Goodnight »). Il n’empêche que malgré ces efforts, les compositions sont molles, Idlewild laisse l’impression de n’avoir pas grand chose à dire, ce qui est fâcheux car on aurait adoré aimer ce nouveau disque, histoire de démontrer qu’il existe encore des groupes de rock qui peuvent perdurer. Ça manque un peu ces temps-ci.
-Le site d’Idlewild
-La chronique de The Remote Part (2002)