Voici un album – français – de dub orientalisé qui véhicule tantôt la coolitude, tantôt l’angoisse de notre ère apocalyptique.


Avant de voir dans le détail ce « terrible » (dans le sens belge, à savoir un compliment) disque, laissez-moi vous raconter comment la dub a touché mes sens. C’est grâce au coffret de Lee Scratch Perry, que l’on pourrait qualifier de pape de la dub, que j’ai découvert ce genre, que l’on pourrait qualifier de croisement entre reggae et électro. Ensuite, une bonne centaine de CD et quelques trois longues années ont été nécessaires afin de bien assimiler des noms comme Mad Professor, le label Studio One… Comme chaque chose dont on aime aller jusqu’à la moëlle, la prospection a permis de découvrir des bijoux tels que les israéliens de Badawi, Bill Laswell et ses voyages dub-cubains, qui, en incorporant des gimmicks que d’autres quilifieraient de World, ont donné au style ses lettres de noblesse. Enfin, cet aparté ne serait pas complet sans citer l’incursion de la dub dans le mainstream avec Massive Attack, voire même avec la drum & bass d’un Roni Size ou le hip hop de Roots Manuva.

La rencontre avec la dub in french, pusiqu’il s’agit ici d’une formation française, trouve son origine en 97 ou 98, lors du festival de Dour, pendant la prestation d’un groupe alors complètement inconnu à tous les bataillons : Zenzile. C’est de Lyon qu’est originiaire ce quintet (Paul « Pilah » Kozmik à la guitare, Stéphane Bernard Aka Uzul aux machines, Thibault Louis au synthé, Mathieu Trouillet à la batterie, Eric Frascone à la basse), qui a démarré dans le reggae pour ensuite prendre le tournant dub.

Arrive donc à point nommé ce troisième album Repercussions, à une période où on croit que tout ou presque a été dit.

Le premier titre évoque un peu cette ambiance que l’on trouve dans le film Midnight Express : mélange de sonorités orientales et angoisse propre à notre époque. Comme un chaméléon, KLD peut prendre la couleur de tous les groupes qu’il a jadis accompagnés – que d’aucuns rêveraient d’aligner sur leur CV : Gladiators, Amon Tobin, Manu Dibango, IAM, Lee Scratch Perry, High Tone, Babylon Circus, Aba Shanti I, Improvisators Dub, Transglobal Underground, Kaophonic Tribu, Svinkels, Yellow Man, Zenzile, Mei Tei Sho, Brain Damage, Mad Professor, Stanley Backford, Nosfell, Spook And the Guay, NSK, Les Hurlements d’Léo, Orange Street, … Bon, on ne va pas décortiquer un par un – pitié! – tous ces groupes, mais trois choses peuvent être soulignées chez KLD:

– Un modus operandi largement influencé par Lee Scratch Perry et Mad Professor donnent cet indéniable couleur Dub au tout, un peu comme du maizena dans une sauce en somme.

– L’ouverture d’esprit et la curiosité les fait parfois bifurquer vers l’Orient, le maghreb (chant sur « Dirha ») etc… ou utiliser des instruments classiques : flûte, violoncelle sur « Steppa for violin ». Enfin, « From desert » clôt on ne peut mieux cet album, puisque les percussions y sont légion, ainsi que cet instrument utilisé par Blur sur Think Tank (pour rappel, enregistré au Maroc).

– Enfin, Amon Tobin semble leur avoir donné ce goût pour la musique angoissée et/ou la drum & bass tarabiscotée (« Ear Protection », et surtout « Alfraid »). De plus, des petites incursions de voix ont été mises ici et là (« Unleashed dub ») ou sur « Alfraid », où il y est question d’Al Quaida : « dans 5 minutes, le monde explose! ». Ouf c’est pas le cas!

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