Déjà le quatrième album pour un des secrets les mieux gardés de la pop et toujours une qualité inversement proportionnelle à son succès.


En matière de pop, il est toujours stupéfiant de voir sur quel piédestal on peut hisser quelques élèves appliqués (qui a crié Gallagher ?) et passer à coté d’authentiques génies. Dans cette catégorie, Faris Nourallah fait office, aux côtés de Ron Sexsmith et de Joe Pernice de mètre-étalon.

Comme son nom de l’indique pas, Faris est un américain de Dallas, où il passe le plus clair de son temps à composer et enregistrer de parfaites vignettes pop. Si les références les plus souvent citées à son égard sont Ray Davies, The Left Banke ou Elvis Costello, son nouvel et quatrième album Il Suo Cuore Di Transistor évoque plutôt un croisement réussi entre le Grandaddy (première époque) et Elliott Smith.

Des premiers, il a retenu le coté bricolo et la capacité à transcender le manque évident de moyens par une imagination débridée (comme en témoigne l’usage immodéré de synthés vintage et autres boites à rythmes). Il partage avec le regretté second une capacité à aligner des mélodies intemporelles et parfaites (“Raining”, “Tell Me Secret”) et une légère tendance à ne pas respirer la joie de vivre (“Dreamkillers”, la splendide “Lifeboat”).

Il serait cependant réducteur d’assimiler Faris Nourallah à une simple somme de références. De fait, là où ces trois premiers albums restaient empreints de déférence vis-à-vis de ses glorieux ainés, Il Suo Cuore… voit Faris s’émanciper. On y trouve pour la première fois des sonorités nous rappelant ses origines syriennes (“Don’t Kiss”), des cassures de rythmes étranges (“Chaos”), et surtout “Black Car”, où, sur un beat quasi disco et un riff rock, Faris dégaine un refrain imparable qui en ferait un tube en puissance dans un monde meilleur.

Celui-ci étant décidément mal fait, il vous faudra commander Il Suo Cuore Di Transistor directement auprès de l’excellent label pop italien Awful Bliss, celui-ci ne bénéficiant pas d’une distribution dans l’hexagone.
Cependant, si après cette avalanche de superlatifs vous n’êtes toujours pas convaincus, sachez que l’écrin, réalisé par le peintre Paco Felici, est à la hauteur du bijou qu’il contient.

– Le site du label Awful Bliss

– Le site officiel de Faris Nourallah