La vie de Marianne Dissard est un joli roman. Partie très jeune s’installer à Phoenix, Arizona, pour suivre papa, la jeune tarbaise s’intègre très vite au gratin de la scène d’une autre ville du même état, Tucson. Devenue très vite une proche des membres originels du Giant Sand, elle ne s’en éloignera plus, avec en points d’orgues de cette amitié un documentaire sur le groupe, Drunken Bees, et la voix féminine de la scie “The Ballad Of Cable Hogue” de Calexico sur Hot Rail. C’est donc logiquement que l’on y trouve le duo Burns/Convertino au générique de ce premier album résolument cross-over — auquel s’ajoute Naïm Amor, d’Amor Belhom Duo. L’Entredeux se veut un mélange de chansons françaises et d’americana poussiéreuse, grand écart déjà magistralement éprouvé par Jean-Louis Murat sur Mustango avec les deux mêmes belles gueules de Calexico. Musicalement, les amateurs du combo ne seront jamais dépaysés, entre six-cordes asséchées et mid-tempi écrasés de chaleur. Les textes, éminemment personnels pour la plupart, narrent avec délicatesse les états amoureux d’une femme qui n’est plus naïve depuis longtemps. Parfois s’immisce un humour coquin, comme sur le single “Les Draps Sourds” — au clip un brin chaud et joliment peuplé, la preuve ci-dessous. La voix, enfin, grave et sensuelle, ne sort jamais vraiment de la torpeur imposée par les arrangements. Malheureusement, il se dégage de l’ensemble une homogénéité qui confine au ron-ron, laissant s’installer progressivement un ennui perfide et inaltérable. La raison, souvent, se cache dans ce chant langoureux fatigant à la longue, défaut qui aurait pu être évité par une vraie envolée musicale à un moment ou un autre de l’album. Et de ce casting de rêve ne sort qu’un disque honnête mais très en-deçà des capacités qu’on serait en droit d’en attendre. La faute à un manque patent de personnalité dans l’écriture de la jeune femme, ouvrant bien trop d’espace à la paire Burns/Convertino, se laissant porter par une musique semblant trop ambitieuse pour elle, ne s’imposant jamais. Et L’Entredeux ressemble finalement plus à un album mineur de Calexico chanté par Marianne Dissard que l’inverse.

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