L’histoire des icônes shoegaze se prolonge avec un rêveur et captivant cinquième album .  

Le quintet de Reading a marqué nos années shoegaze. Durant la décennie 90, leur discographie restreinte mais de qualité a su combler nos attentes en terme de dream pop, de guitares baignées de réverbération et d’électro.
Après un hiatus d’une vingtaine d’années nous les retrouvions en 2017 sur l’éponyme S/T comme affranchi et assumant leur statut de groupe culte. Le retour était mémorable.

Everything is Alive, acte 2 étape 2 de leur discographie est tout aussi engageant. On visite ces 8 nouvelles compositions en mode contemplatif et romantique. A l’image du magnifique et chimérique « Chained To A Cloud », comme accroché à un nuage vaporeux aux contours flous, la musique glisse sereinement et remplit l’espace d’émotions. La portée des mélodies – garnies de synthétiseur analogique – est génératrice de beaucoup d’exaltation intérieure.

Les chanteurs, guitaristes Rachel Goswell et Neil Halstead, le guitariste Christian Savill, le bassiste Nick Chaplin et le batteur Simon Scott jouent sur du velours et construisent un voyage imaginaire où l’on prend le temps d’écouter et de s’imprégner des climats ; Everything is Alive s’apprécie donc sur la longueur et dans sa continuité.

La voie royale s’ouvre sur les dédales d’effets évanescents de « Shanty », la panoplie musicale est telle que l’on pouvait l’espérer – les synthétiseurs construisent un climat rêveur et brumeux, les guitares bourdonnent, la batterie de Simon Scott est noyée sous le flot de réverb et la voix de la guitariste et chanteuse Rachel Goswell se fraye un chemin fragile.
Everything is Alive affiche néanmoins des atmosphères moins denses. Le bel et mélancolique instrumental « Prayer Remembered » (qui n’est pas qu’une transition mais de préférence un beau passage entre deux mondes) introduit à ravir la suite : le pop et rythmé « Alife » (on y entend plus clairement les voix de Halstead et Goswell), l’acoustique et slowcore « Andalucia Plays » et le beau et soigné single « Kisses ». L’enchainement des compostions est remarquablement fluide et relax, les climats musicaux sont toujours puissamment évocateurs.

Neil Halstead a d’abord conçu cet opus sous forme de démo, il ambitionnait « un album électronique et minimaliste ». La démocratie a primé : les climats sont au final plus denses, hypnotiques et réverbérés pour certains : les voix éthérées des musiciens font par exemple merveille sur le brumeux « Skin In The Game » où les guitares produisent leurs effets ouatés.
L’électronique et enveloppant « The Slab » au rythme marqué apporte une nouvelle intensité et beaucoup de dynamique. Les guitares s’entrecroisent et tissent un réseau sonore dense, embrumé et incertain. Les percussions s’agitent. Tout ce qu’on aime !

Ainsi se conclue ce cinquième opus des britanniques… en forme olympique.

Dead Oceans / 2023

http://www.slowdiveofficial.com/

Tracklisting :

  1. Shanty
  2. Prayer Remembered
  3. Alife
  4. Andalucia Plays            
  5. Kisses
  6. Skin In The Game
  7. Chained To A Cloud
  8. The Slab