Ice Cube. Cigare au bec, flingue dans une main, cette gueule notoire de la vidéo revient à ses premières amours : le rap West Coast, histoire de dénoncer le système. Du tout bon!
Est-il vraiment encore besoin de présenter Ice Cube, un des rappeurs les plus connus et respectés du milieu ? Septième album déjà au compteur en solitaire (il officiait auparavant chez NWA), presque autant de disques de platine et d’or, on l’imagine assis sur un fauteuil en cuir, cigare à la bouche et belle grosse montre au poignet. Passé ces derniers temps plutôt à déambuler dans les studios de cinéma qu’à chanter, faut croire que «The attitude» et tout ce qui s’ensuit commençait à lui manquer sérieusement. Laugh now, cry later corrige donc le tir et rassure ses fans… ses banquiers et labels.
Troisième titre, et on a déjà entendu deux noms : Saddam Hussein et George Bush Jr. Etonnant pour ce rappeur de la côte ouest, plutôt occupé à déblatérer sur la guerre des gangs que sur celle en Irak. Signe des temps probablement. Là où l’on reconnaît par contre bien sa plume, c’est dans le refrain et le conseil proféré : « smoke some weed ». Ceci dit, la plupart des textes tournent autour du « pot », à savoir drogues, mafia, flingues, prisons et ghettos… et Arnold Schwarzenegger, gouverneur de Californie ! Le tout avec un langage coloré, comportant tous les gros mots à la mode de L.A.
Les âmes sensibles devront passer leur chemin : les “mother fuckers” et les “bitch” de rigueur y sont légion. La situation de la communauté noire aux Etats-Unis est elle aussi dénoncée ad nauseum («don’t become a statistic»). Le parental advisory est devenu un des attributs des paroles de rap, le langage de rue/prison étant par essence cru. Musicalement, on évolue dans le West Coast stylin’, celui de Snoop Dogg (qui vient montrer sa truffe sur « Go to church » et « You gotta lotta that ») et affilié, c’est-à-dire très cool et dansant. A cette différence près que chez Ice Cube on sent dans la voix – grave – bien plus de hargne ostentatoire.
Dans le rap, on s’invite mutuellement, tout comme on demande à moult producteurs de venir fignoler la potion (ici, Scott Storch – 50 cent, Dr Dre, Beyoncé-, Swizz Beatz et Lil’ Jon sont de la partie, sous la supervision d’Ice Cube bien sûr). Force est de constater que le style n’a pas encore épuisé toutes ses cartouches. Le piano, le synthé ou les cuivres sont d’ailleurs souvent utilisés ici (sans oublier l’arme que l’on charge), pour un résultat festif, invitant au déhanchement (volontaire ou non), tant la rythmique et les mélodies sont cuites à point (« Child Support », « Growin up » ou « Holla@cha boy » en sont de chouettes exemples). L’album est long, richement fourni, on ne peut pas dire qu’il ait été fainéant sur ce coup-là. Critique que l’on peut émettre au vu de quelques-uns des films de sa carrière ciné, composée de séries Z et autres nanars neuneu, mais aussi de films comme The Barbershop.
Ceci dit, sa carrière cinématographique lui aura visiblement soufflé quelques idées (ne serait-ce que la pochette) car plusieurs titres ont bénéficié d’un décorum de circonstance, évitant de tomber dans l’ennui qu’un Prince Paul des De La Soul a déjà pu provoquer dans les interludes et autres intro.
In fine, l’album procure les mêmes sensations que Snoop Dogg, à savoir notre tête qui fait du va-et-vient et le sourire on ya motherfuckin’ face!
– Le site d’Ice Cube