Que s’est-il passé pour que Devendra Banhart tombe ainsi en désuétude auprès des critiques ? En jetant un oeil du côté des antennes médias spécialisées, aucun de ses disques ne figure dans les classements de cette décennie achevée. Pourtant, lorsque six ans en arrière le doublé Rejoicing in the Hands / Niño Rojo l’a révélé, un régiment de critiques louèrent les qualités minimalistes et surréalistes de ce folksinger itinérant signé sur le label Young God de Michael Gira (Swans). Le jeune homme, alors âgé de 23 ans, fit même office de relayeur avisé, sa compilation Golden Apples of The Sun mettant en lumière des noms encore méconnus, mais qui ne tardèrent pas à devenir des artistes incontournables : Joanna Newsom, Six Organs of Admittance, Josephine Foster, Jack Rose…. Puis le succès a commencé à enfler… Ses deux albums suivants, enregistrés en compagnie d’une imposante confrérie baba cool, laissaient entendre une volonté d’émancipation musicale. Malheureusement, nous n’y entendions que peu la voix chevrotante du jeune homme, devenu « barde new age » pour bobos en manque de psychédélisme light. Pire, il nous est devenu agaçant dans les pages de Voici à fricoter avec la mignonne Natalie Portman, ou à la télévision au moment de la pause pipi, un bébé éléphant chantant une de ses chansons à bord d’une Scénic. Pour l’identité « Flower Power » on repassera. Il faudra toutefois réviser son jugement après ce sixième opus, une assez bonne surprise, contre toute attente. Mieux entouré (quelques musiciens de Megapuss, son side project poilant), le Banhart, désormais moustachu, apparait à nouveau concerné par le songwriting sur un album à l’éclectisme inspiré. Si il reste fidèlemant ancré à ses premiers amours tropicalistes (le très réussi “Brindo” chanté en portugais) et à la folk/pop bucolique (la jolie réminiscence du thème d’“Angelika”, “Baby”), What Will Be s’essaie à quelques exercices de styles inattendus — un virage glam/disco (“16th & Valencia”), jazzy (“Chin Chin & Muck Muck”), voire même hard rock seventies (“Rats”). Bien qu’un peu propret dans sa forme, What Will Be dévoile en creux une part d’intimité sincère. Sa coolitude sonne – justement – plus coulée, presque humble. Qui l’aurait cru ?
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