Sur la foi de deux eps dont un Jenny fulgurant, les new-yorkais de Stellastarr* investissent la scène rock du moment avec un vigoureux premier album. Sous haute influence post-punk, Stellastarr* redonne du piment à un courant musical actuel parfois bien fade.


Depuis quelques mois, de nouveaux groupes arrivent sur le devant de la scène rock ayant tous pour objectif de casser la baraque. On ne peut pas leur en vouloir de croire qu’ils réinventent une musique ou d’être ambitieux mais pour certains la lucidité sur leur musique serait de rigueur.

Car à force de recycler du Jesus and Mary Chain, ou du Joy Division et j’en passe des influences honteusement pompées, l’original restera toujours meilleur que la copie. Ce qui agace le plus dans ce courant du renouveau rock, créé comme toute mode par les médias en mal d’inspiration, est la malhonnêteté de certains artistes de ne pas revendiquer leur source de pillage.

Les années 80 furent pour la plupart de ces jeunes groupes, une période charnière quand à leur éducation musicale d’adolescents. C’est aussi le cas de Stellastarr*, quatuor de New York, qui contrairement à d’autres suiveurs même s’ils n’ont pas digéré leurs disques de chevet ont le mérite d’avouer poursuivre un chemin déjà emprunté par de multiples descendants.

A l’écoute de leur premier album, notre première impression est de les rapprocher d’un autre quatuor qui en son temps avait révolutionné une certaine image du rock, les Pixies. Peut être à tord mais la voix du chanteur Shawn Christensen et les choeurs de la bassiste Amanda Tannen nous font aussitôt penser au tandem Francis-Deal.
Même si le terrain est forcément balisé, la force de ces jeunes new-yorkais est de proposer un album qui ne sent pas le réchauffé. Il faut écouter le single « Jenny » ou encore « Pulp song » pour en être convaincu.

Avec un premier album incandescent, Stellastarr* se présentent comme les dignes héritiers du mouvement punk new-yorkais. Les dix morceaux qui composent Stellastarr* raniment le flambeau autrefois allumé par les New York Dolls, Television, Flaming Groovies ou encore les Magic Tramps.

« Somewhere across forever », montée sur un riff à vous déchirer les neurones, cristallise bien le pouvoir du rock’n roll. Un jeu tendu à l’extrême qui se perd dans la poudre une nuit de trop. Ainsi sur « In the walls » les guitares décollent dans un grondement de basse pour tournoyer sans fin.

Entre la hargne punk et les rythmiques souples mais menaçantes, un jeu de guitares nerveuses pleines d’une rage contrôlée fait pour exorciser les démons, Stellastarr*, à défaut d’inventer un langage propre, prolongent la brillance du rock déjanté croisée il y a déjà quelques années sur les planches du Max’s ou du CBGB’s.

Il est vrai que sur la durée, certaines compositions ont du mal à garder le cap de la tension créée par les titres les plus punkisants de l’album. Mais à l’heure où on nous sert une soupe malheureusement bien tiède, on aimerait entendre plus souvent des premiers opus comme celui de Stellastarr*.

Enfin, notre impression que ce groupe sort du lot fut renforcé par leur prestation scénique lors du dernier festival des Inrocks, où la soi-disante crème rock du moment était réunie sur plusieurs jours. Un concert tout en tension énergique relégua les autres têtes d’affiche au rang de suiveurs.

Dure est la loi du rock business, encore plus sur la durée. Il ne suffit pas d’avoir l’attitude et l’arrogance pour embraser les foules, encore faut-il avoir l’essence. Et Stellastarr* ont assez de carburant pour pouvoir tenir la longueur et imposer leur fougue à un public qui ne restera plus pour longtemps confidentiel.

– Le site de Stellastarr*