Absent depuis quatre ans, l’une des paires de songwriter la plus performante du circuit US compte bien rétablir un peu d’ordre sur les play-liste radio rock. De la power pop subtile et intelligente qui passe comme une lettre à la poste.


Avec seulement trois albums à leur actif en sept années d’existence, les Fountains Of Wayne ne semblent pas pressés par le temps. Evoluant à leur cadence, Adam Schlesinger et Chris Collingwood sont pourtant une des paires de compositeurs les plus doués du circuit pop US ayant émergé lors de la décennie précédente. Disparus de la circulation depuis le très beau Utopia Parkway (1999), on pensait que ces amoureux de la mélodie ultra-efficace avaient finalement préféré jeter l’éponge après deux albums mémorables. Et c’est non sans une certaine culpabilité qu’on avoue les avoir un peu oublié, préférant la puissance de frappe actuelle d’un Weezer ou d’un Guided By voices, également largement plus prolixe en terme de quantité.

Les quatre années qui séparent Welcome Interstate Managers d’Utopia Parkway auraient pu être fatales à bon nombre de groupes. C’est tout le contraire qui se passe : le groupe est auréolé par la référence Mojo qui les a récemment inclus dans son encyclopédie « the greatest albums of all the time ». Pendant ce temps, leur dernier single « Stacy’s Mom » tourne en boucle sur MTV et les college radios US. Il faut dire que le clip très « fun » où un adolescent développe sa libido par le biais de la maman de sa petite amie a certainement permis à ces vétérans d’accéder à une audience plus jeune (pour le p’tit bémol perso duquel tout le monde se contrefiche, la trame du clip est pompée sans vergogne sur le « Learning to fly » de Tom Petty, mais voilà c’est dit). Succès massif et reconnaissance critique, tout semble donc aller dans le meilleur des mondes.

Evolution notable, Welcome Interstate Managers est plus varié qu’auparavant. Les habituels pavés rock à usage instantané (« Mexican Wine », « Stacy’s Mom », « Bright Future in Sales » ) sont placés en tête du disque pour ensuite laisser la place à d’autres ambiances plus sensibles. Notre équipe de seconds couteaux (de luxe) explore ainsi d’autres styles inédits de leur p’tit monde : folk attachant (« Hackensack »), country saloon (« Hung Up on You ») et pop dans l’air du temps remplissant les quota radio (« Peace and Love »). On frôle dans ce cas là parfois le filtre pasteurisé, sauvé in extremis par ce sens inné de la mélodie et les textes pince-sans rire largement au-dessus de la moyenne.

Heureusement, la bande à Chris Collingwood manie avec un équilibre surprenant les pépites beatlesiennes et autres gâteries irrésistibles dignes de Weezer. Au rayon des bonnes surprises, « Supercollider » peut se vanter de faire la nique à Oasis, où plutôt offre un bel aperçu de ce qu’aurait pu donner les frères Ghallagher après Morning Glory. Au rayon ballade crève-coeur, « Fire Island » risque de filer des boutons à Elvis Costello s’il met la main dessus. « All Kinds of Time » figure certainement au menu de leur plus belle mélodie. Un single en puissance, rappelant étrangement ce qu’à pu produire Jeff Lynn pour Georges Harrison dans les années 80. « Hey Julie » peut résumer l’art de Schlesinger et Collingwood à torcher une mélodie désarmante de simplicité et à usage immédiat. Et puis il faut pas chipoter, « Stacy’s Momé » possède une montée en puissance assez efficace.

Forcément, 16 titres c’est un peu dur à ingurgiter et on aurait facilement pu se passer de cinq titres de pur remplissage. Amputé d’un tiers, WIM trouve une vitesse favorable et se déguste sans modération. Un album donc honnête de la part d’un groupe qui ne se prend pas au sérieux tout en ne prenant pas son audience pour du bétail. Et puis vous en connaissez beaucoup vous des albums de pop intelligente en ce moment qui s’écoutent avec la banane et sans efforts apparents ?

– Le site de Fountains Of Wayne