Gerald est vraiment un chic type. Son dernier opus, en atteste, avec une floppée de titres destinés à nous détendre et à nous dépayser.


gerald1.jpg Un type qui s’appelle Gerald… Ce type, Gerald Simpson (d’origine Jamaïcaine), est ce qu’on pourrait appeler un vieux de la vieille dans le monde de la techno, qui a influencé un monde fou (Goldie, Photek, LTJ Bukem…). Premier à avoir relayé la house de Chicago et de Detroit à Londres avec 808 State, il décide cependant de voler de ses propres ailes dès 1989, délaissant le groupe après un seul album. Son premier single, « Voodoo Ray », tiré de son Hot Lemonade, sera aussi celui qui lui ouvrira les portes d’une major, CBS/Sony. Jusqu’à ce qu’il se brouille avec ses derniers, et décide de sortir ses oeuvres sur son propre label, Juice Box, qu’il fermera en 1998. C’est depuis 2000 qu’il est hébergé chez le très respecté label allemand !k7 records, où il a viré essentiellement vers la drum and bass, avec le très correct Essence, qui popularisait le stylr en y adjuvant de l’adoucissant. Ayant plus d’un tour dans son sac, Gerald sort cette année une nouvelle salve, beaucoup plus ambiant, beaucoup plus calme.

N’entendez pas par là que le bonhomme se serait assagi, loin de là. Il a bien senti, contrairement à d’autres comme Ronni Size, que la drum and bass pure et dure est sur une pente savonneuse (entendez sur le déclin), et qu’il était grand temps de se renouveler. Du coup, on est plus qu’agréablement surpris par ces titres très chaleureux, qui trouveraient chez n’importe quel prospecteur de titres pour compile lounge truc-muche un repreneur empressé. En règle générale, n’allez pas imaginer que ce disque soit insipide, loin de là (je dis ça car le mot lounge provoque chez certains de l’urticaire). Il (re-)met à l’honneur tout le formidable travail de The Future Sound of London. Et ça, c’est pas une bonne nouvelle?

Dès « American cars », et ensuite avec « To Love », on sent bien que le fauteuil sur lequel nous installe un type nommé Gerald est très confortable, moelleux, qu’on s’y sent chez soi. « Millenium Sanhedrin » fait office de premier cadeau de l’hôte qui nous reçoit : une voix sensuelle (Ursula Rucker) nous défile un menu plus qu’aguicheur : serait-ce les mille et une nuits? Pas très loin, puisque « Call for prayer » emprunte au Moyen-Orient des percussions qui achèvent de nous mettre à l’aise. Les djembé sur « Tajeen » se passent de commentaire : vous aurez compris que les titres défilent comme autant de cocktails ou différents plats d’un mezze appétissant.

La drum & bass s’invite enfin sur « Strangest Changes », qui voit Finley Quaye (assez méconnaissable reconnaissons-le) pousser la chansonnette, comme – déjà – en 1995. Une question nous taraude : qu’est-il advenu de lui depuis le grandiose Mavering the strike ? Pourquoi a-t-il sombré corps et âme dans une pop formatée « NRJ » ? Ce titre semble nous amener un espoir après tant de déception.

Enfin, last but not least, « Pump » vient nous chatouiller avec un bis repetita dont on ne se lasse guère. Le genre de musique qui pourrait passer ad nauseum et dont personne ne se plaindrait.

Non, vraiment, thumbs up pour ce type.

-Le site officiel de A guy called Gerald

-Le site non-officiel de A guy called Gerald