Si vous cherchez un disque à offrir à votre belle, je crois bien tenir le nec plus ultra en la matière. Attention cependant de ne pas récolter la tempête : votre belle pourrait en tomber pour ce belâtre….


On a beau s’intéresser surtout au rock, au folk, au punk, au funk, au rap, au trip-hop et à tout le reste, il y a des moments où l’on a envie – aussi – de piquer sa curiosité ailleurs. Que peuvent bien avoir en commun tous les styles que l’on vient d’énumérer? De ne pas vraiment passioner la gente féminine lambda. N’y voyez pas chez Pinkushion un machisme de bas étage (à ce propos, nous n’avons toujours pas de plume féminine…), mais je me suis sacrifié pour tenter de m’intéresser à ce qui a priori intéresse la gente féminine… Vous suivez ? En clair, l’ouverture d’esprit joue dans tous les sens non?

Michael Bublé – prononcez Boublai en anglais- est canadien, promis plus que quiconque à un avenir à la Sinatra . Remarqué à 17 ans par le premier ministre canadien de l’époque, Brian Mulroney, il est introduit au who’s who qui compte dans l’industrie (le producteur David Foster et les grands pontes de Warner). En guise de remerciement, il chantera lors du mariage de sa fille. C’est ici son deuxième CD et il est plus axé jazz que le premier, qui comptait des reprises des Bee Gee’s ou de Van Morrison. Autant sa maison de disques que ceux qui l’entourent croient en son succès imminent, et pourquoi pas populaire tant qu’à faire : le jazz gros public, à canons longue portée. La recette du succès semble en tout cas présente : un look en décalage avec son époque, une belle voix de crooner, un orchestre tonitruant et bien fourni qui l’entoure, des reprises que tout le monde connaît plus ou moins (de Sinatra à Gershwin, des Beatles à Cole Porter), et le tour est joué. On pense bien sûr à Frank Sinatra. Le même côté varié-toche classieux dans le jazz, la même désinvolture naturelle, le même charisme. Côté collaborations on a droit à la pétillante Nelly Furtado et à Chris Botti.

Ce qui dénote par rapport à la ‘variet jazz’ qui a le vent en poupe actuellement (Norah Jones et Jamie Cullum en tête), c’est l’appel au grand orchestre comprenant moult cuivres et nappes de violons romantiques, mais aussi piano ou guitare acoustique qui viennent faire un petit coucou ici ou là. En gros, c’est le jazz des années 40/50 qui est ici à l’honneur. Des titres comme « You don’t know me » feraient chavirer n’importe quelle dame de bon goût, sans parler de titres romantico-exotiques à l’instar de « quando, quando, quando » ou du semi latino « Save the last dance for me », au frémissant « I’ve got you under my skin » (popularisé déjà par Sinatra et Bono). On se rappelle que ce genre a été remis au goût du jour par Harry Connick Jr (acteur par ailleurs), et via le film When Harry met Sally. A ce propos, on retrouve ici le fameux « The more I see you ».

Outre ses qualités de décorum à drague – voire à demande de mariage en bonne et due forme – le disque peine par contre à entierement nous convaincre niveau musicalité stricto sensu. Car on ne peut ici juger que les qualités d’interprête du bonhomme, vu l’absence d’oeuvre originale ou d’interprétation qui s’éloignerait un tant soit peu de l’original. Bon, c’est vrai qu’il reconnaît porter aux nues cette époque, et on peut pousser le raisonnement jusqu’à y puiser tout, de A à Z. En résumé, c’est académique mais très bien ficelé.

Le site de Michael Bublé