De retour au front avec un nouvel opus entouré des Buff Medways, l’indéboulonnable Billy Childish ressort ses vieilles recettes de punk rock pour un disque tout en énergie.


On ne compte plus les albums de Billy Childish tant sa discographie est riche, proche d’une centaine d’albums. Parallèlement à son activité de peintre, notre homme poursuit sa carrière musicale aujourd’hui avec les Buff Medways. Medways wheelers leur nouvel album reste dans la droite lignée d’un rock qui a su garder au fil des ans toute sa verve et son intégrité.

Depuis des décennies, cet irréductible puise sa musique aux sources du punk et d’un blues sauvage dont le précepte est de ne surtout pas s’assagir et de faire mouche avec le moins d’artifice possible.

Ainsi, basse, batterie, guitare suffisent à distiller un rock garage mené tambour battant. Toutefois, la surprise est de retrouver sur cet opus un piano et une harpe au milieu de ce méli-mélo enivrant. Ces deux instruments viennent troubler discrètement le trio de tête dans leur course frénétique mais sans pour autant en diminuer le tempo. Car question de rythme, les morceaux s’enchaînent les uns aux autres sans qu’on est le temps de reprendre sa respiration.

L’album s’ouvre sur « The man I am » qui d’emblée impose un ton volubile et emporté. Sur une rythmique bluesy un harmonica se déchaîne et on aperçoit les ombres de Howlin’ Wolf et des Flamin’ Groovies planer sur ce titre entraînant. Quelques titres plus loin, « The poets dream » ressemble à s’y méprendre à du Daniel Johnston revisité par Chris Knox, chanson pop dont la furie a perdu de sa raideur pour gagner en légèreté et sensibilité.

Passé ce bref passage, la vigueur reprend le dessus. La fulgurance des chansons de moins de trois minutes impose en effet une allure fougueuse tout le long de l’album. La plupart des titres de Medways wheelers sont basés sur le même modèle, une écriture épineuse qui sculpte à vif les obsessions du chanteur. Bien sûr, il n’y a rien de très révolutionnaire ici par rapport aux précédents albums des Buff Medways si ce n’est peut-être la façon d’aborder les chansons avec plus de maturité et gravité (« A distant figure of Jon », « Karen with a C », « Private view ») bien que l’exaltation est la même depuis des lustres.

Enregistré dans un local de Rochester et un studio mobile, Medways wheelers contient une dynamique propre à son enseignement, faire vite et bien. Le groupe ne s’attarde pas à policer un son, préférant porter son attention et son énergie sur l’intensité des compositions. Ainsi, un rock sec et énervé se déverse sans relâche trente minutes durant. De la nudité fiévreuse des compositions se détachent une force intérieure et un mode d’expression qui passe obligatoirement par l’électricité. Et paradoxalement lorsque le groupe tente quelques escapades dans une musique plus apaisée, leur propos devient plus touchant. Ainsi, avec quelques passages dans le blues comme sur « Dustbin Mod » ou la pop de « Medway Wheelers » et « The poets dream », le souffle se fait moins haletant, les instruments prennent le temps de s’aérer entre les enchaînements d’accords et de ce fait attire plus l’attention.

Une fois la cavale retrouvée, la bande à Wild Billy renoue avec l’âpreté des chansons et les morceaux entre punk et garage rock dont regorge son répertoire. Toujours pas calmé, Childish continue son bout de chemin en distillant chaque année sa marque de fabrique préférée, un rock sauvage, à travers des disques certes peu différents les uns des autres mais sans concession. Un jour peut-être il tombera au combat mais au moins il y aura laisser des plumes. Est-ce son fidèle déguisement en soldat de la première guerre mondiale, comme en témoigne les photos du disque, qui pousse le trio dans ses retranchements rageurs et lui donne un élan de revanche chevaleresque ? En tout cas ce qui est sûr c’est que ces hommes sont bel et bien au front.

A tous les branleurs de service qui passent plus de temps à soigner leur look que leurs chansons, on leur conseillera de s’inspirer fortement de l’attitude de Billy Childish, un homme qui porte sans prétention le flambeau du rock haut et fort.

-Le site du label Damaged Goods