Modey Lemon débarque de sa cité ouvrière US pour nous abreuver d’un rock brouillon empruntant aux années 70 son énergie et sa liberté d’éxecution.


Mute, le fameux label connu pour être celui de Depeche Mode, semble vouloir depuis un certain temps se racheter une nouvelle réputation, à moins que ce soit l’équipe qui ait viré sa cuti… Jugez plutôt : The Warlocks, The Liars, Blues Explosion… Figurez-vous que le trio Modey Lemon, originaire de Pittsburgh (ville ouvrière dont sont originaires les héros du film de Cimino Voyage au bout de l’enfer), semble recycler les trois groupes précédents pour nous servir ce que Labels décrit comme étant un « son synthé psychedelic/sci-fi et des guitares abrasives ». Késako? Inspectons la chose.

modey2.jpg La pochette et le livret fourre-tout sont un condensé de mauvais goût, d’humour et de fouillis indescriptible. Les dessins qui arborent toutes les oeuvres du trio sont signés de la main d’Erick Jackson, le bassiste des Apes. Là-dessus, Phil Boyd, leader du groupe, a souhaité qu’on dessine la persistante peur des lapins, supposée bien calquer l’humain face au monde actuel.Quant au nom du groupe, il est inconnu à tous les bataillons et absent du dictionnaire…

Paul Quattrone (batteur dans une formation jazz-funk) et Phil Boyd (guitare, synthé moog et chant, qui écrivait des titres folk dans son coin, et dont le père chantait dans un groupe garage des années 60) se sont rencontrés en 1999, à l’université. Ils bâtissent rapidement une solide réputation scénique, principalement basée sur le bruit qu’ils arrivent à faire à deux. Jason Kirker (synthé, basse) rejoint le duo plus tard, apportant à la formation une dimension laborantine supplémentaire, leur permettant en outre d’enregistrer dans son studio (il va également s’asseoir derrière la table de mixage), affres de toutes les expérimentations et de toutes les jam sessions inimaginables. C’est ainsi qu’ils déclarent être le plus créatifs : dans le foisonnement des idées et des envies du moment. Ce n’est qu’après que l’on récupère les pépites censées remplir l’album.

A peine la tournée de l’album Thunder & Lightning’ terminée, les trois lascars s’enferment – donc – dans un studio pour jammer ensemble, très échauffés par tout ce qu’ils ont traversé pendant la tournée, voulant explorer de nouvelles pistes, de nouveaux sons. L’enregistrement leur demandera sept mois en tout et pour tout, avec une large place réservée au mixage.

Pendant que « Countries » nous plonge dans la période « More » de Pink Floyd, le jeu de batterie de Paul Quattrone rappelle Mitch Mitchell, le batteur de Jimi Hendrix. Petite cerise sur le gâteau, le disque se termine par une longue plage hypnotique de plus de 16 minutes qui semble avoir été dérobée à une tribu africaine, tant la rythmique y transpire la transe qui précéderait un quelconque rituel – autorisons-nous de penser qu’il serait sexuel… Pink Floyd, Jimi Hendrix, l’Afrique : voilà qui donne une bonne idée de The Curious city. Avec une pincée de Suicide et de Sun Ra.

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