Acteur hollywoodien dans un projet musical égocentrique. Surprise : pas mauvais du tout.


Autant commencer par là, pour en être débarrassé : oui, 30 Seconds To Mars (30STM, c’est quand même plus court) est le groupe de Jared Leto, excellent acteur de Panic Room, Fight Club, Requiem For A Dream et Alexander, entre autres. On sait ce qu’il advient généralement de ces projets, citons simplement le groupe de Keanu Reeves, Dogstar, qui méritait son surnom peu subtil mais adéquat, Dogshit. 30STM est différent. D’abord, parce que Leto n’est pas un acteur médiatiquement au premier plan, ensuite, parce que le groupe ne fait rien pour tirer profit de cette publicité potentielle. Leur premier album éponyme était très conceptuel, avec des paroles tournant autour de thèmes abstraits comme l’espace ou l’existence elle-même ; et une musique peu commerciale, sorte de mélange entre l’électro et le hardcore. Au moment de la sortie de A Beautiful Lie, on ne pouvait donc pas classer 30STM dans la catégorie caprices de star multimillionnaire.

Le premier single – aussi le premier morceau de l’album – « Attack », est, comme son nom peut l’indiquer,assez agressif et pousse la voix de Jared Leto très loin, lui conférant un caractère organique, très emo. Le thème de l’album diffère du premier : ici, les planètes et questions existentielles grandioses laissent la place aux interrogations inter relationnelles, à la confiance et au mensonge. Les mauvaises langues pourraient dire que le commun des mortels ne se plaindrait sans doute pas d’avoir eu des relations avec Cameron Diaz, Ashley Olsen et Scarlett Johansson, mais en tant qu’amateurs de musique, on s’en fiche.

La suite de l’album est solide, pas toujours extraordinaire, mais très correcte. L’agressivité de la première moitié de l’album laisse place à une mélancolie pleine de retenue (emo, d’accord, mais pas de pleurnichements trancheurs de veine à la Dashboard Confessionnal), aux accents musicaux limite new wave (version Cure, U2, comme dans « Was It A Dream »). Par rapport au premier album, les refrains sont plus accessibles, sans tomber dans la facilité de groupes soi-disant emo pour adolescents peu regardants, et même si « The Story » fait penser, de manière assez effrayante, à Staind, la majorité des morceaux se laissent écouter sans peine ni ennui.

L’album se conclut avec l’agressif « Battle of One », et « Hunter », une impressionnante reprise de Björk.
Maintenant, rien n’est vraiment nouveau, ni terriblement impressionnant, mais reste dans une bonne moyenne, bien écrit : bien exécuté et suffisamment varié pour ne pas qu’on s’ennuie trop. La voix de Jared, et son cri, reste la principale particularité de groupe, et prouve que ses talents d’acteur ne sont pas les seuls.

Á écouter donc, si ce n’est que pour élargir ses horizons musicaux, avec un emocore ni pénible, ni trop violent.

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