You’ve heard the tribute and the followers. Now let the original blow you away!


Avec le grand retour de Gang of four aux affaires, on tient là les pionniers responsables de bien des groupes hype actuels. Les Bloc Party et autres The Rakes (pour ne retenir que the top of the tops) n’ont eu d’autre professeur que Gang of Four, groupe qui va chercher sa naissance dans les années 70, même avant la révolution punk des Clash et des Sex Pistols, y injectant un savoir-faire punk & funk finement rôdé.

Une basse très lourde, des riffs rappelant autant des perceuses qu’un marteau piqueur (Kurt Cobain citera régulièrement Andy Gill comme étant une de ses influences majeures), une batterie énervée : tous les ingrédients sont là pour vous faire chavirer et craquer.

Un petit rappel historique s’impose : Les Gang of Four sont des vieux de la vieille. Jugez plutôt : C’est en 1977 que quatre étudiants (Jon King au chant, Andy Gill à la guitare, Dave Allen à la basse et Hugo Burnham à la batterie, mais aussi manager du groupe) de l’université de Leeds décident de créer un groupe de musique aux paroles engagées. Première pièce à conviction : en prenant un nom alors bien ancré dans l’actualité, puisque leur nom fait référence à la bande des quatre de la veuve de Mao. Deuxième pièce à conviction : les paroles, qui valent leur pesant de bave : « Damage goods » et son « sometimes i think that i love you, sometimes i think it’s only lust » démontre bien l’état d’esprit (et d’humour) de la formation presque trentenaire anglaise. « Paradise … If you can earn it! Repackaged sex … keeps your interest! » valent toujours le détour et n’ont pris aucune ride, avec leur critique acerbe de notre société de consommation. Des paroles plus punk comme dans « To hell with poverty » ou « We live as we dream, alone », résument bien toute la pensée punk des années 70 qui, reconnaissons-le, n’a jamais aussi bien calqué à la réalité d’aujourd’hui. Notre préférence ira aux paroles de « At home he’s a tourist » avec « He fills himself with culture, he gives himself an ulcere« .

Troisième et dernière pièce à conviction : leur histoire, parsemée d’interdictions et de scandales. « Damaged goods » sera leur premier single, et sortira sur le label de Bob Last, Fast Product, à qui ‘on doit l’émergence de Joy Division ou The Human League. Après quelques autres singles, dont le remarqué et caustique « At home he feels like a tourist », le premier album du groupe, Entertainment! , sort en 1979 sur la major EMI, et est encore aujourd’hui considéré comme un des classiques de cette année-là. « Anthrax » et son intro très industrielle en sont issus (un groupe comme Prong et les Red Hot Chili Peppers y ont largement pompé ses recettes, pour ne citer que celui-là). En fait, on remarque, au gré des titres qui défilent, que Gang of Four souffre d’une injustice flagrante si on en juge à leur notoriété , car il a pourtant bel et bien été la mèche qui a allumé la flamme de bon nombre de groupes et de genres par la suite. Le funk métal, les fusions des années 90? La vague actuelle de punk art et de disco punk?

Ce n’est qu’en 1981, éprouvés par le succès du premier album, que sort Solid Gold. Mais c’est déjà le début de la fin, l’impact n’étant plus aussi dévastateur. Dave Allen quitte GOF et part former Shriekback. Il est remplacé par Sara Lee, new yorkaise des League of Gentleman de Robert Fripp. Enfin, le troisième album dont sont issus quelques titres ici sort en 1982, et fait couler beaucoup d’ancre avec le titre « I love a man in uniform », interdit des ondes anglaises, en pleine guerre des Malouines. Hugo Burnham est par la suite congédié, et le groupe va chercher un producteur américain pour l’album Hard, qui se plante lamentablement et signe la mort du groupe. Ils reviennent à notre souvenir en 1995 avec Shrinkwrapped, après un passage à vide de 11 ans. Et aujourd’hui donc, gonflés à bloc.

Tous les titres qui ont fait la gloire de GOF sont rassemblés ici. Petite cerise sur le gâteau, plutôt que de resservir des plats réchauffés, Andy Gill et Jon King ont décidé de ré-enregistrer leurs titres (surtout issus des deux premiers albums) avec le matos des studios actuels, et avec Burnham et Allen bien sûr. Histoire aussi de mieux faire passer la puissance de leur son en live, chose qu’ils ont toujours déclaré regretter dans le son de leurs enregistrements originaux. Le résultat est plus que probant, très réussi et très bien produit. Andy Gill, dont le passage derrière les manettes a été sa deuxième vocation, est passé maître en la matière. Les Red Hot, The Stranglers, The Jesus Lizard, Boss Hog, Michael Hutchence et INXS, Killing Joke ou encore The Futureheads ont tous bénéficié, parmi tant d’autres, de ses doigts de fée et de son oreille experte. deux grosses différences sont à pointer si on compare ces nouvelles versions aux initiales : la clarté du chant, et le côté funk exacerbé.

Le deuxième CD rassemble la crème des crèmes (The Rakes, Yeah Yeah Yeah’s – qui proposent le coeur féminin que GOF n’a pas jugé utile de ré-enregistrer dans « I Love a Man in Uniform »-, Dandy Warhols, The Others, Amusement parks on fire, Hot Hot Heat, Faultline) qui rend un vibrant hommage aux GOF en remixant leurs titres. On a surtout droit à une réécriture assez techno de leurs titres. Le disque n’est pas indispensable, et fera office de compile sympatoche.

A la question de savoir comment ils ont réussi à réunir le line-up original, Jon King répond sur son site : « …we agreed to play together again on one condition: we had to be great. » Pari réussi, largement réussi.

Le site de Gang of four

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