Les Constantines, avec un « jamais deux sans trois » prouvent qu’il ne suffit pas d’avoir été nourri aux bons rateliers et d’être hébergé chez Sub Pop pour devenir un bon groupe.


On dit qu’un bon rédacteur en chef se reconnaît à sa persévérance. Le nôtre doit avoir en la matière un pompon sur son bonnet, parce qu’à chaque fois il me refile des disques en me disant « ça, c’est le next big thing! ». Et moi de me faire avoir… Pour le groupe concerné ici, c’est donc déjà la deuxième fois qu’il me le dit. La première fois, il y a à peu près un an et demi, j’avais beau écouter et réécouter la galette, je me demandais s’il n’avait pas fumé le rédac-chef. Au risque de recevoir un sésame de persona non grata, l’album a fini par épouser la poussière…

Constantines. Troisième album déjà pour ce quintet canadien que l’on pourrait, muni de pincettes et de gants, classer en post-punk. Pourtant, le propos s’est adouci avec le temps, probablement la bouteille qu’ont pris les gars a-t-elle joué un rôle. Et puis comme chacun le sait on reste pas jeune ad vitam eternam.

La batterie, dont le jeu est véritablement tribal, et ce dès le titre d’ouverture, « Draw us lines », est l’instrument qui semble avoir cannibalisé les autres. Tout au long de l’album, en passant par « You are a conductor », on se dit que sans Doug MacGregor derrière les fûts, Constantines ne serait pas grand chose (pour ne pas dire rien). Quelle maîtrise de la baguette! L’ombre des Clash est constamment en filigrane, surtout dans le chant, qui évoque réellement Joe Strummer. Mais aussi dans les riffs de guitare, qui telles des flèches transpercent notre cerveau.

Une puissance se dégage de certains titres, aussi bien d’un point de vue harmonique que technique, et on ne peut s’empêcher, à l’écoute de l’excellent « Thieves », de penser à dEUS, période The Ideal Crash. Parfois aussi, la puissance est contenue, on sent la rage qui va éclater, et pour finir non, il ne se passe absolument rien. C’est le cas sur « Hotline Operator » par exemple. Le chant s’y montre pourtant énervé, avant d’être calmé par un refrain doucereux, limite funky. On se dit alors qu’il manque quelque chose à ce groupe, soit violent, soit doux, car il a par moments trop tendance à faire dans le gras plutôt que dans le raffiné, à prendre un chemin pour finalement faire demi-tour. Oui, c’est ce que l’on pourrait reprocher à ce groupe : il a tout d’un grand, sauf un peu de ci et un peu de ça. Un peu de folie, un peu de génie. L’album est bon. Sans plus. Et risque bien, si on n’a pas un flingue sur la tempe, ou d’autre alternative que de l’écouter en boucle, de passer par les mailles du filet. Car dire d’un album « c’est pas mal » ne suffit pas. (plus?)

On a tenté de varier aussi, de se diversifier. Les cuivres sur « Lizaveta » sont du plus bel effet. « Croyez-vous qu’ils l’ont fait. Oui, mais ils se sont arrêtés là! » pour paraphraser Poelvoorde dans C’est arrivé près de chez vous.

Alors oui, ils sont chez Sub Pop. Alors s’ils sont chez Sub Pop, c’est que c’est la crème des crèmes n’est-ce pas ? On se contentera de citer The Shins comme trophée récent. L’a priori positif est donc de la partie, oui. Il fait que l’on écoute plusieurs fois le disque, certain que Sub Pop n’a pas pu se tromper. Pourtant. Constantines a tout de son côté. Mais il manque irrémédiablement quelque chose. Notamment dans des titres comme « Soon enough », qui ne cassent vraiment pas la baraque et qui semblent être des clones de clones d’originaux. Désolé chef.

Le site des Constantines

Le site de Sub Pop