Moins (re)connu que ses contemporains (dont notamment Lenine, ici producteur), Chico César incarne pourtant à merveille l’artiste brésilien éclectique, avide de tous les mélanges sonores pourvu qu’ils procurent l’ivresse de la création. Cet ancien journaliste, poète à ses heures perdues, amateur du Cinéma Novo et autrefois paré d’une coupe de cheveux extravagante (en hommage à la divinité Onulu), compose ainsi depuis dix ans d’étourdissants cocktails de sons à base de bossa nova, de samba, de rumba, de reggae, de funk, de rock et de rap. A l’instar du très réussi Beleza Mano (1998), les disques de Chico César se situent à la croisée de la musique traditionnelle de sa région natale (Paraiba, au nord-est du Brésil) et d’une tendance plus avant-gardiste et urbaine. Si De Uns Tempos Pra Ca, au ton plus apaisé et solennel qu’à l’accoutumée, sonne comme l’album de la maturité, il n’en demeure pas moins d’une extrême ferveur créative. En compagnie du Quintet da Paraiba, Chico César y déploie un chant souverain et sensible qui magnifie des chansons très personnelles, parfois douloureuses ou politiquement engagées, écrites à des moments clés de sa vie, « Depuis quelques temps déjà ». Loin de brider son inspiration, cet orchestre de musique de chambre décuple au contraire les potentialités des morceaux. Chaque chanson se découvre comme un précieux trésor, baigné d’une pluie fine d’arrangements et de savants motifs harmoniques. En enveloppant de cordes ses souvenirs, le brésilien résiste aux méfaits du temps, va à l’essentiel et fait briller sa musique comme jamais.

– Le site de Chico César.