Méconnu en Europe, le saxophoniste (soprano/alto) et clarinettiste John Ellis (aussi présent à l’ocarina) est pourtant un des plus brillants jeunes musiciens issus de la scène jazz new-yorkaise actuelle. On a pu l’entendre, notamment, au sein du dernier groupe de Charlie Hunter. Ses compositions sur By A Thread, son second album, font la part belle aux mélodies et laissent deviner une inspiration qui tire, pour partie, sa sève dans la pop et le rock (à l’instar des pianistes Esbjörn Svensson ou Brad Mehldau). Loin de se contenter du seul jazz, la musique de John Ellis se risque à déborder de toutes parts son pré carré initial. Un morceau comme “Tall Drink Of Water”, avec sa contrebasse aguicheuse (Reuben Rogers) et son piano délicat (Aaron Goldberg), bientôt rejoints par une batterie alerte (Terreon Gully) qui accélère le mouvement à mi-chemin, n’a de cesse de tirer son fil thématique pour l’entortiller, l’enrichir d’interactions instrumentales (la guitare de Mike Moreno fait des miracles), de dérives étonnantes qui entretiennent l’effet de surprise. Ces changements de tons et d’orientations, parfaitement fondus les uns dans les autres, nécessitent une cohésion maximale entre les musiciens du quintet qui se doivent de faire groupe. Le fil rouge est ainsi tenu d’un bout à l’autre de l’album avec rigueur, afin d’éviter des circonvolutions inutiles et que ne soit perdu le bon sens de la marche. Le principe d’incertitude n’élude pas une vision globale et homogène des choses, les morceaux retombant toujours sur leurs pattes au final. Un beau disque qui mérite le détour.

– Le site de John Ellis.