Fionn Regan est un songwriter folk, dans toute sa splendeur. Savant mélange de Bright Eyes, Simon & Garfunkel, Ryan Adams et Bob Dylan. Rien que ça…


Fionn Regan, on se serait bien vu l’interviewer un de ces quatre. Malheureusement, il ne semble pour l’instant tourner que dans le Royaume-Uni. Ce sera pour plus tard. Sa musique évolue pourtant non loin des sentiers battus par un certain Bob Dylan allié à l’envoûtement de Simon & Garfunkel (période Le Lauréat), guitare en bandoulière et voix haut perchée, servant des textes intelligents et touchants. Oui, Fionn Regan, jeune prodige irlandais dans la fleur de l’âge, c’est un peu de tout ça. C’est dire l’étendue de son talent.

Dès les premières notes de son très bel album, et les premières paroles de « Be good or be gone », on est sous le charme. Pourtant, pas de production tous azimuts ici, exactement le contraire même : juste une guitare sèche, une voix, des choeurs, et la manière d’enregistrer des années 70. On pense à certains – les meilleurs – albums du prolifique Ryan Adams, en plus des papys évoqués plus haut. Plus on avance dans l’album, plus d’autres sonorités viennent se joindre à la seule guitare. Sur « The underwood typewriter », c’est sur le bois de sa guitare qu’il tapote pour donner la cadence. Sur « Hunters map », des arrangements délicats, mais néanmoins poussiéreux, donnent à l’ensemble une touche mélancolique et bucolique. Enfin, le piano achève de fendre le coeur, comme sur « Black Water Child ». Dans sa manière de raconter des histoires – au coin du feu – on pense irrémédiablement à Bright Eyes.

Côté thématiques des chansons, on n’est pas dans le ton guilleret. C’est à un véritable songwriting engagé que nous convie Fionn Regan. Par exemple, « Hey Rabbit » décrit les méchants constructeurs qui chassent de sa tanière le petit lapin. Mais c’est surtout du côté des sentiments que les paroles bifurquent. A ce titre, « Put a penny in the slot » est d’une beauté rutilante, avec tous les petits événements qui nous rappellent ce qui nous rend malheureux : l’absence de l’élue de notre coeur. «I can’t help from crying, I wish you were here». Qui n’a pas vécu au moins une fois ce désarroi ? C’est aussi sur ce titre qu’il conseille de lire Paul Auster, car le bonhomme, en plus d’être sensible et poète, semble plus qu’érudit.

Le dernier titre, « Bunker or basement », est un instrumental qui clôt le tout de manière très élégante. Si on laisse tourner le CD, on découvre un titre caché. C’est la surprise qui aura raison de votre raisonnement.

Midlake et Turin Brakes ne s’y sont pas trompés en le prenant dans leur escarcelle lors de leurs tournées. C’est grâce à Olly Knights (Turin Brakes) qu’il signe son premier album sur le label Bella Union. Pour clore le chapitre – et convaincre les dubitatifs – voici ce qu’il en dit : « We’ve toured with Fionn and fallen deeply in love with his luminous songs of memory, loss and hope. His ability to paint weighty and sublime imagery with words is untouchable and very rare, yet it’s combined with a sweet charm that renders all cynicism impotent. All I can do when he sings is to shut up and keep breathing. »

– Le site de Fionn Regan

– La page My space

– Le clip de « Put A Penny In The Slot »