Non, ceci n’est pas de la pub pour Poutine ! Ni un nouveau parti contre l’autocrate. Non, ceci est un énième groupe qui fait comme. On va pas faire comme si on ne l’avait pas vu…


On imagine le producteur, assis derrière son bureau, cigare à la main, chaîne Hi-Fi classe sur le côté, comptant les liasses et les disques d’or par dizaines. Ah ! Quel producteur n’a pas rêvé de se faire un max de flouze avec de la musique (rock de surcroît) ? Qui n’a pas rêvé de caresser l’euphorie qui devait accompagner le succès d’un Oasis en son temps ? …

Tout le monde connaît maintenant l’histoire de Bloc Party qui, à l’instar de The Strokes ou Franz Ferdinand, a connu une carrière enviable et fait maintenant des émules. On comprend que d’autres labels essaient de parier sur des poulains exploitant le même filon. C’est humain, non ? Et de nous bassiner avec leur fameux discours « pour un artiste qui réussit il y en a 10 qui se cassent la gueule ». Cela justifie bien sûr, selon eux, des m***** sans nom : la fin – la qualité culturelle de certains – justifie les moyens – les star’ ac et autres groupes artificiels.

Dans le monde de la musique alternative, on est plus subtil. Enfin, pas toujours ! La preuve avec Forward Russia dont le nom sent déjà le faux-semblant à mille lieues. La pochette, elle aussi, vaut le détour : elle se veut très punk mais elle est surtout très fashion avec ses points d’exclamation en veux-tu en voilà (on peut acheter déjà les T shirt arborant deux points d’exclamation, l’un à l’endroit, l’autre à l’envers). !!! pourrait leur coller un procès ! Le nom des protagonistes vaut le détour également : Katie, Whiskas (soeur et frère), Tom et Rob… produits par Kitekat ou Félix ? L’originalité du groupe de Leeds tient aux titres de ses chansons : « Twelve », « Thirteen », « fifteen », etc. Au moins savent-ils compter.

Pour vendre leur papier imprimé, le NME n’hésite pas à trouver Le groupe qui va sauver le rock… et ce, une fois par semaine. Devinez qui a gagné le gros lot ? Bien ! Vous avez gagné un sachet de croquettes pour Minou ! NME collectionne les pétards mouillés comme d’autre les timbres, et il est étonnant que des bio de groupes mettent encore en avant le fait que le NME les ait élus numero uno. Mouais. Prenons le microscope.

La recette musicale est ici très simple : une section rythmique énervée, un chanteur à la voix aiguë pour bien équilibrer et faire l’effet aigre-doux, des mélodies bien amenées, des riffs fédérateurs (« Twelve »). Mais on ne peut s’empêcher de penser tantôt à Bloc Party, tantôt même à Film School (« Nineteen »). Certains titres (sixteen) sortent d’un lot plutôt correct, mais pas de quoi tuer un chat (oups, pardon). Oh, mais attention va-t-on me dire ! Regardez un peu leur CV ! Ils ont tourné avec les Editors, avec Duke Spirit, avec We are scientists même (si, les trois gars avec des châtons sur la pochette). Outre le NME, la BBC et MTV2 les adorent. Dance to the radio, le label, est celui de Whiskas. Et alors ?

Le savoir est bien souvent synonyme de frustration et de barrière au plaisir, car si ce groupe ne ressemblait à aucun autre, il aurait écopé d’une chronique positive. Pas besoin non plus de tous ces néons pour se faire sa propre idée. Verdict : c’est trop tard, et le groupe apparaît comme un énième – doué peut-être – clone. Si le groupe précédait dans son histoire les autres sus-nommés, alors ils pourraient crier à l’injustice. Mais tout le monde sait que la chance tient un grand rôle dans la musique rock. Souhaitons leur donc bonne chance !

– Le site de ¡Forward, Russia!