Le post-rock est-il, plus que tout autre style musical, condamné à se répéter indéfiniment? L’univers vrombissant esquissé par Mogwai et consorts est-il destiné à produire continuellement de nouveaux avatars? C’est ce qu’on est en mesure de se demander à l’écoute du deuxième album de Gregor Samsa qui ne fait que s’approprier docilement les clichés du genre. Des compositions fantomatiques ponctuées de thèmes à la guitare (“These Points Balance”) jusqu’aux explosions soudaines – et pourtant si convenues – de décibels (“Even Numbers”) en passant par des interludes mélancoliques (“Loud And Clear”), tout y passe. Certains titres contiennent même un aperçu de ces trois sous-espèces (“Makeshift Shelters”), à la manière d’un petit précis de post-rock facile, en huit leçons. Car 55:12 est au Come on die young de Mogwai ce que Luc Ferry est à la philosophie : une banale vulgarisation. Rien de véritablement accrocheur dans cette musique, dont la prétendue marginalité est émoussée depuis longtemps : ni la voix monocorde et mollassone (chanteur et chanteuse confondus), ni les mélodies cotonneuses ne parviennent à retenir notre attention. Reste à apprécier – à moins que nous en soyions déjà lassés – cet album pour ce qu’il est vraiment : une juxtaposition d’ambiances parcourues d’une certaine mélancolie.

– Le site de Gregor Samsa.