Depuis son remarqué premier album From Here on In en 2001, ce trio londonien s’evertue à échafauder des pop songs fébriles et modernes. Plus que jamais virtuoses.


Le titre est déjà tout un programme : Adventures in the Underground Journey to the Stars mérite la palme du titre le plus pompeux du mois ! Et ne parlons même pas de l’esthétique douteuse de la pochette, à faire friser la moustache de Freddie Mercury dans sa tombe. Remarque, celle de l’édition américaine ne vaut pas tripette non plus… Ha, les mystères du marketing musical ! Mais attendez, ne surfez pas tout de suite ! Ces détails de pacotille sont les seules fautes de goût de ce disque passionnant.

Passons… Sur le bonus vidéo du single “Up Close and Personnal”, Joel Cadbury danse et chante, écouteurs sur les oreilles, en plein milieu de Times Square et ses lumières nocturnes. Face au regard anonyme des badauds, il gesticule, exalté comme le chanteur des Simple Minds sur la scène de Wembley Arena. Le budget du clip est proche du néant, mais la musique se marie parfaitement avec l’urbanisme vertigineux des gratte-ciel de Manhattan. Depuis, chaque fois que l’on passe devant le quartier de la Défense, South rythme nos pensées.

South, pop musique du 3e millénaire ? D’un point de vue temporel, la musique du futur n’est bien sûr que pur fantasme – ou du moins, on peut s’autoriser à y croire durant un court instant. Et ce n’est pas le rock actuel, qui se contente depuis 30 ans de recycler ses courants, qui nous contredira. South joue un peu sur les deux tableaux. Le trio londonien n’a jamais vraiment été à la pointe de la mode, mais se fait ambassadeur d’une pop indéniablement sophistiquée qui regarde droit vers l’horizon. Pitchfork appelait ça de la post-britpop, mais le terme est devenu un peu dépassé et réducteur à l’écoute de cette dernière livraison.

Fort déjà de deux albums hautement recommandables et passés trop inaperçus, Joel Cadbury, Brett Shaw et Jamie Mc Donald – désormais remplacé par le guitariste Will Harper – s’obstinent à trafiquer une pop foisonnante, imprégnée d’une production audacieuse. Sur cette nouvelle « aventure », le trio a tiré profit des prospections sonores effectuées sur leurs deux précédentes productions – notamment leur fricotage avec James Lavelle, géant d’U.N.K.L.E qui leur avait ouvert les portes de son mythique label Mo’Wax à leurs débuts. Désormais assez confiant pour prendre eux-mêmes les rênes de l’enregistrement, nos sudistes se sont défait de l’étiquette Downtempo de leur premier album pour inclure d’autres beats plus dansants et synthétiques. Mais ce n’est pas exactement vrai non plus. Dominé par des instruments organiques, South semble plus vivant et balbutiant que jamais : ballade acoustique (“Know Yourself”) implosion psyché pop (“Habit Of A Lifetime”), rock exigeant (“You Are One”), voire le ton funeste de “What Holds Us” demeurent de superbes pop songs organiques.

Témoin de cette évolution, South serait devenu une réincarnation de New Order lui-même réincarné en Death Cab for Cutie : “A Place in Displacement” peut rivaliser avec l’intensité de certains hymnes dégagés par les héros de Manchester*. Autre grande pièce, l’acrobatique “Shallow” et ses diverses pirouettes de plans mélodiques, boostés par d’infinis échos de guitare, est l’un des singles les plus retournants entendus cette année. Finalement, ce disque aurait plutôt dù s’appeler New Adventures in Hi-Fi… par ses prouesses, mais celui-ci était évidemment déjà pris….

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* A découvrir, leur excellente reprise de “Bizarre Love Triangle” glissée en bonus de la version européenne