Star de la scène hip-hop clinquante à New York, Mark Ronson, s’il souffre d’un certain anonymat en France, bénéficie d’une aura gigantesque aux USA et en Grande-Bretagne. Ce jeune tireur d’élite est un producteur aux faits d’armes aussi impressionnants que voyants. Il a en effet oeuvré aux succès de Jay-Z, Robbie Williams, Outkast, ou récemment la géniale Amy Winehouse. On ne comprend que mieux le featuring très hype de son deuxième album solo. Version, comme son nom l’indique, propose une collection de reprises de tubes de ses contemporains plus ou moins en activité. Revisitant The Smiths, Britney Spears, Radiohead, The Charlatans, Kaiser Chiefs ou Coldplay, Mark Ronson (re)dynamite certains tubes à la sauce soul ou hip-hop, en offrant le micro à ses potes. Forcément, ce genre de mixtures propose de très bons passages grâce aux interventions de certains interprètes de luxe. Lily Allen, Ol’ Dirty Bastard (R.I.P.), Paul Smith ou Amy Winehouse prouvent, si besoin, combien chanter est avant tout un jeu. On prend plaisir à ses Version groovy et idéalement remuantes. Le disque passe dans son intégralité, n’altérant (presque) jamais le sourire benêt qui nous vient dès le premier titre, mais ne laissant pas non plus de trace indélébile. Car c’est bien le danger de ce genre d’albums : Version est tellement frais et bien fait que le succès est immédiat (un vrai carton en Grande-Bretagne), mais ne fait preuve d’aucune prise de danger. C’est bien charmant mais surtout c’est bien lisse (on pleure à l’écoute de « Just »). Si les bars bobos, Béatrice Ardisson et FIP y trouveront de quoi s’occuper un bon semestre, l’auditeur un peu curieux se lassera rapidement de l’exercice, plombé par une consommation abusive de cuivres gras, et se réfugiera dès que possible dans les panses vermoulues des gars de Mardi Gras BB. Tout ça est bien joli mais un peu vain…

– Son Myspace