Il fut une époque où un trio français, Les Inconnus, envahissait le petit écran à heure de grande écoute avec ses pastiches d’émission télé. Surfant sur un succès énorme, ils enregistrèrent leurs chansons pour vendre des conteneurs entiers de disques franchement… nuls. Flight Of The Conchords, duo de Néo-Zélandais totalement allumés, utilise sur ce disque le même procédé (probablement sans connaître nos tristes sires) suite à une émission sur la chaîne cablée HBO au cours de laquelle ils élaborent tous les subterfuges possibles pour faire carrière aux USA. Différence majeure avec nos comiques maison, Jemaine Clement et Bret McKenzie se contentent d’être drôles, très drôles même, sans une once de vulgarité. Par dessus tout, les deux complices ont une culture musicale tout à fait délicieuse qui les voit parodier moult styles sans jamais verser dans la caricature facile, en respectant leurs modèles. Ainsi, quand ils se lancent dans la bossa, c’est une vraie bossa – “Foux du Fafa” (sic) -, quant ils parodient David Bowie, on croirait entendre Bowie – “Bowie”, logique -, et tout à l’avenant. La grande réussite de cet album réside dans la combinaison d’un humour à toute épreuve, d’un vrai talent de composition, et d’une interprétation sincère et toute professionnelle – ce sont de vrais musiciens, en attestent les nombreuses vidéos de leurs shows qui circulent sur le Net. Si à tout cela se rajoute une production digne des meilleures livraisons pop de ces dix dernières années, signée Mickey Petralia (à qui Beck doit le son de Midnite Vultures quand même), on obtient un vrai disque, lumineux, éclairé et bigrement efficace. Bien sûr, sans détenir toutes les clés, on passe à côté d’un certain nombre de clins d’oeil. N’empêche, ce premier album, s’il récolte le succès qu’il mérite, en appellera facilement d’autres, car, au vu du potentiel, on n’est pas au bout de nos surprises. En 15 chansons, les deux lascars sont loin d’avoir exploré toutes les faces de la musique d’aujoud’hui : si le R’n’B, le hip-hop, le ragga ou la pop – géniale “Leggy Blonde” – sont leurs marottes, manquent encore à l’appel le rock, le metal ou le folk, et honnêtement, on est curieux de voir ce qu’il peut en sortir. Totalement idiot, mais parfaitement jubilatoire.

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