C’est avec une certaine impatience que l’on attendait ce second volume des concerts donnés au Stone de John Zorn, gravé à l’initiative du label DMG. Enregistré le 26 décembre 2006 (soit quelques jours avant le set précédemment délivré par le Stone Quartet), cette soirée organisée à la faveur du trop rare Raoul Björkenheim fut en effet l’occasion, à sa demande, d’une confrontation étonnante, et forcément excitante, avec l’incontournable paire rythmique Parker/Drake. A son meilleur, le guitariste finlandais adepte des sons saturés et des projets pharaoniques (en 1995, il a réalisé pour un festival d’Helsinki une oeuvre démesurée rassemblant 30 guitaristes, 8 bassistes et 4 percussionnistes, dont Apocalypso constitue la version studio sur laquelle il a assumé à lui seul toutes les guitares) donne ici, dans un contexte plus minimaliste, libre cours à une électricité frondeuse d’autant plus insaisissable qu’elle nage entre plusieurs eaux. Restitué dans son intégralité et décomposé en deux mouvements bien distincts, l’album débute par un Lithotone I, subdivisé lui-même en six parties, qui oscille sans discontinuer entre blues, free rock et free funk. On appréciera ici tout particulièrement le fait que les improvisations successives, amples et labyrinthiques, reposent autant sur les figures rythmiques d’Hamid Drake que sur les coups de semonce du guitariste, multipliant les riffs épidermiques, les stridences à l’archet et les déviances sonores bien pensées via des pédales d’effet généreuses. Le tout en alimentant un groove tenace et obsédant qui suffirait presque à lui seul à nourrir notre intérêt. Pour finir, Lithotone II est l’occasion pour Björkenheim de saisir une viole de gambe et William Parker une shawn (sorte de flûte à bec médiévale). Cette pièce aux abords plus méditatifs voit dans un premier temps les rôles s’inverser (le guitariste y assure les sons terriens de basse alors que Parker développe des motifs sinueux et aérien au shawn), pour basculer ensuite vers de nouvelles frictions harmoniques qui corroborent l’idée ici dominante d’un univers musical en perpétuelle (r)évolution.

– Le site de DMG