Le voile se lève et on peine à croire qu’il s’agit d’un jeu. Un jeu sans règle certainement, mais avec quelques points de repères tout de même, comme l’indication des heures, accompagnées des coordonnées géographiques pour chaque sentier qui mène à l’indéterminé. Si on rêve éveillé, c’est en étant bercé par les bruits de différents lieux, les sons de différentes langues. C’est un monde d’ailleurs, dissemblable, qui ouvre sur une durée incertaine. Il se veut rassurant, inspirant la sérénité longtemps convoitée par tout homme : participer à la genèse des choses, d’une humanité depuis — trop — longtemps endormie. Etre là, tout simplement, revivre le mystère et le laisser comme tel. Donc point de révélation, mais un éclat qui laisse entrevoir la profondeur du puits de l’existence. C’est la source des possibles, un point de départ pour chacun qui se voit invité à écrire sa propre fiction dont la fin est vouée à demeurer un abîme ouvert. La Barca de Thomas Köner est cette histoire étouffée, avortée, mais elle est surtout celle d’une errance commune : « tous, nous sommes entraînés vers les mêmes lieux. Tous, nous avons notre destinée agitée dans l’urne et, un peu plus tôt, un peu plus tard, elle en sera tirée, pour nous imposer la traversée dans la barque de l’éternel exil » (Horace).

– Le site de Thomas Köner

– Extrait de l’installation La Barca