Sixième album des pionniers du doom/drone. Avec en bonus, la sélection vidéo de la violoncelliste Lori Goldston.


Premier acte d’un diptyque qui s’annonce terrifiant, Angels of Darkness, Demons of Light I emprunte son titre au légendaire Sabbath noir : un nom de scène utilisé par le quatuor de Birmingham, alors qu’il cherchait encore la formule magique de sa sorcellerie saturée. Le clin d’œil ne signifie pas pour autant que le monument Earth, influence notoire de la scène drone/doom/post rock – cruciale même pour OM et Sunn O)))- , rêve désormais d’épopées rock-métallurgique. Le guitariste Dylan Carlson, seul membre historique en cette Terre, érige du haut de ses 20 ans d’âge un paradigme de lenteur absolue et inaltérable. Ses arpèges lacrymaux et répétitifs, ses rythmiques minimalistes à l’amplitude inquiétante, sont comme une ombre mystérieuse et imposante dont les mouvements lents suscitent une peur profonde.

Après s’être magistralement réinventée en 2005 avec Hex, l’esthétique d’Earth se décline, depuis, sous d’infimes et subtiles variations. Les soins de la production ont été confiés à un nom familier, Stuart Hallerman, qui a sculpté la distorsion monolithe des premiers opus dans les années 90. Mais là n’est pas vraiment le changement. En contrepoids à la pesanteur métaphysique de The Bees Made Honey In The Lion’s Skull, le ténébreux Dylan Carlson préfère resserrer progressivement son line up autour de musiciennes : la fidèle Adrienne Davies derrière les fûts, ainsi que la violoncelliste Lori Goldston (Nirvana unplugged, David Byrne), nouvelle recrue avec le bassiste versatile Karl Blau (The Microphones).

Tout en poursuivant les développements précédents, l’apport du violoncelle, en lieu et place des bourdonnements habituels, rééquilibre l’ordre établi entre dissonance et harmonie (“Old Black” et “Father Midnight”). Enfin, sur le titre éponyme de l’album, l’apport des deux nouveaux membres révèle toute sa dimension, une dérive dévastée et obsédante de plus de 20 minutes. Enfin, la superbe pochette, inspirée de créatures folkloriques amérindiennes et japonaises, est signée Stacey Rozich. Une femme, encore une fois.

-Site officiel Earth

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Sollicitée par mail, la violoncelliste Lori Goldston (The Black Cat Orchestra, Spectratone et jadis entendue chez Nirvana) nous dévoile ses vidéo favorites glanées sur YouTube:

Nima Ben David – Abel – WKO 207 per viola da gamba

J’ai souvent regardé cette vidéo de la violiste Nima Ben David, et à chaque fois des frissons me traversent. Tant la pièce que l’interprétation renforcent mon sentiment qu’il y a un énorme croisement entre la musique baroque et le metal.

Son House – Forever on my Mind

Difficile de savoir quoi dire à ce sujet! Totalement engagé, beau et follement original.

Zwölftonwerbung – Twelve tone commercial

Une vidéo de plus. Un détournement musical pour geeks. Hilarant.