Maître en matière de pop songs bariolés, Solar devrait définitivement consacrer Rubik nouvel alpha de l’indie pop nordique.


Souvenez-vous l’été dernier, nous avions défendu corps et âmes Dada Bandits, second album de cette formation finlandaise. De véritables zébulons de la pop qui se lançaient des défis impossibles sur fond d’arrangements bariolés (boréals ?) et de refrains instantanés tournoyants.

Moins d’un an s’est écoulé depuis la révélation hexagonale de Dada Bandits. L’album, initialement paru en 2009 en Finlande, avait été déniché grâce au flair infaillible du label indépendant Talitres. Fort heureusement, il ne faudra pas, cette fois, attendre un an de délai pour l’exportation de ce dernier opus, une sortie quasi synchrone à l’échelle internationale ayant été privilégiée. Il faut dire que nos protégés ont fait du chemin. Leur dernière tournée les a vus traverser l’Europe et les États-Unis. Les revoilà maintenant prêt à en découdre sur ce troisième album plus rayonnant que jamais : Solar, c’en est précisément le titre.

Nous écrivions alors que « si ce Rubik irrésolu est trop imprévisible pour se contenter du single p(r)op(re) calibré pour les ondes, il n’en demeure pas moins très addictif ». C’est toujours ce qui nous traverse à l’esprit à l’écoute de ces dix nouvelles prouesses pop, qui n’offrent chacune jamais à notre palais le même goût. Rubik enfonce, voire écrase le clou sur ces dix titres imprévisibles, sans la moindre once de remplissage.
Cela démarre à la manière de Sergent Pepper’s Lonely Heart Club Band, avec des cuivres qui fanfaronnent, signal du carnaval pop qui s’annonce. Loin de vouloir se mesurer aux Fab Four, nos Finlandais n’ont aucune prétention à révolutionner ou même infirmer les règles déontologiques de la mélodie qui tue.
Ce serait plutôt des compositeurs émancipés, adeptes d’une écriture périlleuse, laissant libre court à leur excentricité fissa des refrains/twists abracadabrants et autres arrangements débarqués d’on ne sait où. Un disque aux milles trouvailles, où s’enquillent toy instruments, xylophones, trompettes, violons, guitares shoegaze à neutrons, boites à rythmes cheap, et autres bidouillages électro Véritable transformiste de l’indie rock, Rubik se mue pêle-mêle, l’espace d’un couplet blizzardien, en Sigur Rös, à moins que ce ne soit l’emphase d’une Kate Bush ou Arcade Fire… Pour rassembler cet amoncellement d’idées à priori pas toujours très concordantes sur plan, le soin du mixage a été laissé à l’expert Ben Allen spécialiste des formations pop stakhanovistes (Animal Collective, Deerhunter…). Démonstration frappante sur “Sun’s Eyes”, hymne flamboyant par excellence qui ose le gimmick entêtant à la… flute de pan.

Tout en prenant en compte ses exploits acrobatiques, Rubik sait ménager des refrains enthousiasmants. C’est le cas du premier single “Laws Of Gravity” qui porte bien son nom, avec son envolée vibrante défiant les lois de Newton, jusqu’au final pétaradant de “The Dark Continent”, où l’on retrouve les cuivres d’introduction victorieux soudainement de pris d’une mélancolie belle à en crever. On imagine l’obstination du détail nécessaire pour coordonner un tel ambitieux chantier. In finé, on retient un disque gorgé de mélodies pop à satiété. Solar serait alors ce « Sisu » incarné, ce mot finnois intraduisible, d’un sens proche de courage et détermination, si caractéristique de l’état d’esprit des habitants de cette région, pour nous encore si mystérieuse.

-Site officiel

-La page sur Talitres

Prêt à faire le grand saut sur « Laws Of Gravity » ?