Premier album pour ces jeunes Californiens proposant un Punk-Rock ensoleillé mâtiné de voix saturées et de guitares crasseuses. On en redemande.


« Fuck it Dog Life’s a Risk ». Expression américaine qui précède, sourire en coin, un acte aussi débile que risqué (façon Jackass). FIDLAR en est l’acronyme. Et s’ils ne sont pas encore connus pour lancer des nains en caddie sur une pente à 20% ou autres concours de flatulences, ces jeunes néo punks californiens pourraient l’être grâce à leur son simple et efficace. Elvis (chant/guitare), Zak (guitare/chant), Max (batterie) et Brian (Basse) ressemblent à de timides ados qui tentent de se la jouer rebelles; mais instruments en main, ils vous feront taper du pied par terre, et secouer la tête de haut en bas. Ca, c’est si vous êtes assis seul pour les écouter dans votre salon. Accompagnez-vous juste d’un ami, vous vous retrouverez vite à vous mettre des coups d’épaules et vous pousser contre les murs. Chauves ou chevelus,vous secourrez la tête tous les deux.

Rien de révolutionnaire ici. Pas de Thom Yorke invoquant les esprits, ni de psychédélisme rétro futuriste. Juste du Punk-Rock lorgnant sur le hardcore: voix saturée, guitares crasseuses, et batterie simpliste. Redoutable. Un quelque chose de lo-fi, avec cependant une certaine clarté dans la production. Vous savez, comme ce type. Celui qui s’échine à être mal habillé, mal coiffé, mais qui a parfaitement étudié son style. Le punk qui a les moyens. On n’ira pas jusqu’à dire que les Fidlar sont des enfants de bonne famille qui se la jouent rebelles. Ils transpirent la spontanéité juvénile, celle de ceux qui s’énervent contre la société mais ne savent pas encore pourquoi. Qui ont ce besoin d’hurler, si communicatif qu’ils s’y mettent à plusieurs… On s’y met à plusieurs.

Continuer de consommer leur « Cheap beer » pourrait leur donner une bonne raison (clip aussi improbable que mémorable): l’album débute sur ce titre -le plus agressif- sur lequel Zak aboie plus qu’il ne chante. Voici pour la touche hardcore. Pourtant, « cheap » + « beer », nous met la puce à l’oreille, car les Garçons Bouchers et les Sex Pistols ne sont pas loin. Et la suite prend effectivement une couleur punk des plus ensoleillée, Van’s aux pieds et Ray-Ban sur le nez… la vrai sueur, celle qui sent, en plus. Et ça va vite, très vite: « Stoked and Broke », puis « White on White », agressent. Positivement. « No Waves » et « Whore » la tentent plus originales, et préparent l’arrivée du tube: la très Clash-ienne « Max Can’t Surf », qui vient nous rapeller qu’avec une rythmique entendue mille fois, on peut toujours surprendre. Si on a un incroyable talent.

Les titres courts (2 minutes 30 en moyenne), directs, défilent avec ce va-et-vient entre un punk basique que les puristes apprécieront (« Wake blake Skate », « Five to nine ») des morceaux un peu plus FM (« Gimme Something », « LDA ») et des parties plus hardcores, puissantes, tel « Cocaine », final éblouissant de hargne, comme pour souligner le véritable état d’âme du groupe.

A certains moments, « Fidlar » rappelle Undisputed Attitude, album de reprises punk par un des groupes de métal les plus violents de l’histoire, Slayer. L’album avait, à l’époque, été très mal accueilli par la critique, qui ne comprenait sans doute pas leur démarche. La bande de Tom Araya voyait sans doute dans le punk les racines de sa musique, ou incarnait l’esprit de la musique qu’ils jouaient. Ainsi, Slayer qui faisait du punk, c’était un peu comme un éléphant dans un magasin de canettes de bières. Bien que n’évoluant pas dans un registre aussi « lourd » que les Metal Gods, Fidlar, c’est aussi un peu ça. Et c’est bien bon. Simplement.

FIDLAR – « Cheap Beer » (Official Video) :