Le 10ème album des Ecossais du Teenage Fanclub respire tout simplement la bonne musique. Les retrouvailles sont chaleureuses et de qualité.


Un nuage d’optimisme flotte sur toutes les compositions. En outre Here contient son quota de titres inspirés. Ce fleuron de l’ex écurie Creation Record – et un des moins tape à l’œil de la grande époque Creation – nous procure encore du plaisir. C’est déjà beaucoup.

Les membres fondateurs Norman Blake, Raymond McGinley et Gerard Love adjoints de leur batteur habituel Francis MacDonald et du clavier Dave McGowan ont mené l’enregistrement à son terme en trois lieux géographique distincts : au préalable dans le studio Vega en Provence, puis chez McGinley à Glasgow pour finir par le mixage à Hambourg aux studios Clouds Hill. Comme beaucoup de formations quinquas qui perdurent, chacun vie sa vie à des kms à la ronde. Le plaisir des retrouvailles n’en est que plus important.

6 ans séparent cette nouvelle production de leur précédent disque le radieux ‘Shadows’. Entre les deux, chacun a vaqué à ses occupations : Blake, bien occupé en studio ou sur scène avec The New Mendicants, Jonny ou avec sa collaboration avec Jad Fair, et Gerard Love avec son projet Lightships.

Here débute idéalement par l’engageant 1er single « I’m In Love’ ». Bourré d’énergie positive, ce titre  ultra pop et concis -2 minutes 41 de bonheur – est mené à bon train. Une mention particulière à mi-parcours à son petit coup d’accélérateur via son solo de guitares. La chaleur de la musique et du propos augurent de belles perspectives :

« – It feels good, when you’re close to me,

– That’s enough, that’s enough

–  Isn’t life such a mystery?

–  I’m in love, with your love »

Les retrouvailles sont d’autant plus authentiques et joyeuses que nos trois compères se sont répartis équitablement la composition et le chant.

La suivante – ‘’Thin Air’’ – composée par le bassiste Love est encore un parfait exemple de noisy pop mélodique. Séduisante et romantique. Le troisième titre ‘’Hold On’’ est composé par le dernier larron – le guitariste McGinley. Tout aussi réussi, ce morceau en apparence plus modeste et contenu, fait la part belle à un message positif et une conception de la vie constructive :

« – Hold on to your life, to your dreams

– Don’t get lost in the schemes

– Just hold on to your dreams

– Hold on to your head, to your heart

– Never stop, you can start

– Just hold on to your heart »

Encore des musiciens heureux de communiquer leur passion, décidés à nous transmettre leurs bonnes ondes et partager leurs sensibilités. Mais les Fannies ont aussi été jeunes, énervés, intenables, et ardents pratiquants du shoegazing et du grunge. Et bien débinés aussi ; par les puristes, qui leur ont régulièrement reproché une trop grande accointance avec Big Star, The Byrds voir les Beach Boys.

Quand on fait leur bilan, on revient systématiquement à leur chef d’œuvre de 1991 – le tranchant et étincelant Bandwagonesque. Disque parfait et jubilatoire, d’ailleurs en «compétition» à l’époque lors des bilans de fin d’année, avec le Nevemind de Nirvana, le Out of Time de REM et le Screamadelica  de Primal Scream. En 1995, ils récidiveront avec leur album Grand Prix. Aujourd’hui l’approche et le résultat sont plus modestes mais tout aussi pertinents. On apprécie cette humilité du propos et de la production dans la lignée des retours très réussis de Robert Forster, Peter Astor ou Trashcan Sinatras.

Leur power pop est aujourd’hui plus mélancolique et rêveuse. ‘’The Darkest Part Of The Night’’ donne envie de prolonger la nuit, bercé par un violoncelle discret et apaisant. Le psychédélique soft que ne renierait pas la formation Psychic Ills – ‘’I Have Nohing More To Say’’ – s’étire langoureusement. ‘’Live In The Moment’’ est fluide, optimiste et entrainant.

L’engourdi ‘’Steady State’’ expérimente un état second calé entre le rêve et la réalité et pourrait avoir été produit par le gourou de Tortoise John McEntire, déjà aux manettes de leur opus de 2005 ‘Man-Made’. ‘’It’s A Sign’’ est un pur moment de pop. Le chant et les chœurs s’imbriquent les uns dans les autres, le rythme ascendant et descendant est guidé par un jeu de guitares bien rodés. Son jumeau ‘’The First Sight’’ n’est pas en reste. La rythmique est parfaite et explose au premier passage du refrain – « Will I ever get to see, will I ever get to see first sight of a heart that’s true » – Les guitares et la trompette s’unissent et parlent à l’unisson.

Les fannies sont toujours bel et bien connectés à la vie. Here est leur dernier objet de communication. En l’occurrence ici, communication rime avec communion.

 

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PeMa label – 2016

Tracklisting : Here

  1.    I’m In Love
  2.   Thin Air
  3.   Hold On
  4.   The Darkest Part Of The Night
  5.   I Have Nothing More To Say
  6.   I Was Beautiful When I was Alive
  7.   The First Sight
  8.   Live In The Moment
  9.   Steady State
  10. It’s A Sign
  11.  With You
  12. Connected To Life