The Stroppies c’est whooshment bien !


 

 

Whoosh c’est l’intitulé bizarroïde du premier LP d’un jeune quatuor australien dénommé The Stroppies ; par association ce slogan loufoque nous fait penser au défunt label Slash Records (Slaaaash, Whooosh, peint sur un mur ça dégouline et laisse des traces !) ; ce label US et de bon goût signa en son temps la formation néo-zélandaise The Chills,  eux-mêmes fer de lance pendant un temps du label Flying Nun, et aujourd’hui source évidente d’inspiration pour le quatuor australien The Stroppies. Attention quand même, certaines jeunes formations émergentes de l’hémisphère austral (Salad Boys par exemple) se crispent sérieusement quand on leur évoque ce label comme sphère d’influences.

En tout cas, Whoosh c’est pas moche. Ce cri de ralliement d’après Gus Lord le chanteur et guitariste du quintet australien est absurde et bien représentatif du caractère éphémère d’un bon disque de pop musique. Tout comme le mouvement C86, qui influença un temps et en partie les compositions des Stroppies. Fraîcheur, naïveté, spontanéité et moyen technologique limité est définitivement leur créneau.

Les australiens se forment en 2016 sur les bases de l’éthique DIY, ils enregistrent un premier EP 7 titres au format cassette en 2017 sur le micro label Hobbies Galore propriétaire du bon samaritain et musicien Alex Macfarlane ami d’enfance de Gus Lord. Capté dans les règles de l’art sur un 4 pistes avec les voix enregistrées sur cassette ce premier enregistrement Lo-Fi fortement influencé par The Clean et Guided by Voices sera à la demande générale réédité en vinyle. Quelques accrocheurs 45 tours viennent aussi étoffer leur naissante discographie.

Gus Lord (guitare, clavier, chant), Adam Hewitt (guitare) et Steph Hughes (guitare, chant) sont issus de la foisonnante communauté de Melbourne. Rory Heane le batteur est arrivé sur le tard pour donner corps au projet. Claudia Serfaty (basse, chant) présente à l’origine est quant à elle Londonienne. S’amuser et profiter les uns des autres, jouer de la musique est le principal moteur pour tous les musiciens de la capitale de l’État de Victoria ; leur ego n’est pas développé, en revanchent ils sont passionnés ; un squat chez un pote et hop une nouvelle collaboration voit naturellement le jour. Suivre à la trace un musicien nous invite par dérivation chez tous les autres. Ce détricotage somme toute assez classique est cependant particulièrement pléthorique à Melbourne. Comme le confirme Gus Lord cette scène musicale est spécialement incestueuse. Peut-être avez-vous donc déjà écouté les Boomgates, Twerps, Tyrannamen, Teen Archer, Dick Diver, The Stevens, Primetime, Blank Statements, The Blinds, White Walls, See / Saw …

Pour les Stroppies tout va pour le mieux, leur collectif est sur de bons rails et le présent via l’instantané Whoosh ne viendra rien gâcher. Les compositions bien dynamiques et sans prétention (c’est tout ce que l’on aime) exhalent donc un doux parfum kiwi du plus bel effet. Le single “nothing at all” où Claudia Serfaty chante ‘le rien du tout’ sur une rythmique bien entraînante est emblématique. De la jangle-pop au top. L’aparté “First Time Favourites” est un autre moment bien craquant et musicalement plus nuancé. Ce mini hit montre en effet quelques signes de nostalgie accentués par un orgue aussi sautillant et léger que le tempo.

Sur la courte longueur de cet album Gus Lord et Claudia Serfaty se font régulièrement des politesses (au chant) : l’alternance des voix masculines et féminines souligne la fraicheur de cette production. L’emballant “Cellophane Car” installe une nouvelle fois l’orgue désuet dans le corps de la chanson, il y a aussi du Clean dans l’air, les riffs de guitares sont tendus et constants.
La festia indie pop bat son plein sur Whoosh : les accords de guitares sont incisifs, la basse est bien calibrée, ce rock indie estampillé année 90 ne peut être qu’australien. Pas sûr, mais il y a un peu de The Go-Betweens peut-être. Les musiciens et leur producteur Zachary Schneider ont trouvé le bon compromis. Cet LP enregistré en une poignée de jours sonne comme très spontané et serein dans un style lo-fi, sonique et pop.

La fin du disque nous réserve l’incongru et relax “Entropie” ; la production et la voix de Lord sont beaucoup plus claires et organiques que sur tous les autres titres ; son atmosphère musicale est plus européenne (une lichette de Tuxedomoon ?). Le synthé est bien présent. On retourne ensuite illico pour la conclusion vers le soleil des antipodes sur le charmant “Switched On” là où les Bats nous font un salut amical. Voilà !

Tough Love Records / Differ-Ant – 2019

https://thestroppies.bandcamp.com/

https://www.facebook.com/Thestroppies/

 

Tracklisting :

  1.  Nothing At All
  2. Present Tense
  3. First-Hand Favourites
  4. My Style, My Substance
  5. Pen Name
  6. Cellophane Car
  7. Better Than Before
  8. The Spy
  9. Entropy
  10. Switched-On