Septième album solo au charme intimiste et pastoral pour l’ex guitariste/compositeur de Guided By Voices.

En toute franchise, nous ne sommes pas particulièrement familier de l’oeuvre solo de Tobin Sprout, musicien plus connu pour ces états de service au sein de Guided By Voices, institution indie rock US originaire de Dayton (Ohio). Nous n’avons pas vraiment eu l’occasion par le passé d’approfondir davantage sa discographie en solitaire, à l’exception de l’excellent Moonflower Plastic, son second album paru en 1997. Il faut dire que nous sommes déjà pas mal accaparé par la cadence de sortie hallucinante du son ancien partenaire et notoirement « hyper prolifique » Robert Pollard (au passage, le petit dernier de GBV, Mirrored  Aztec, vient juste de sortir et c’est un excellent cru). Eminent membre de la formation GBV dite “classique” de 1987 à 1997, puis de 2010 à 2014, Tobin Sprout y a chanté et composé quelques classiques, notamment Hot Freaks et You’re not a Airplane sur le monumental Bee Thousand. On le trouvait  particulièrement inspiré sur Let’s Go Eat the Factory, l’album du come back Lo-Fi du groupe en 2012, où il signait cinq titres, puis le sublime « All of This Will Go » sur Class Clown Spots a UFO la même année.

Empty Horses, son septième opus solo, nous donne une autre idée du talent décidément intarissable de cet artiste complet – qui est aussi un peintre côté, ainsi que illustrateur et auteur de livres pour enfants. On le retrouve ici dans un registre intimiste, autour de compositions d’obédience acoustique ou au piano, où il nous livre sa vision personnelle de l’Americana, remontant jusqu’à la guerre de sécession. Certaines ballades folk épurées nous évoquent les premiers Vic Chesnutt, notamment pour sa voix chevrotante sur « The Return » et « Every Sweet Soul view ». Pionnier du Lo-Fi, le songwriter âgé de 65 ans, sait pourtant aussi sortir les gants de soie sur le superbe « Old Golden Rivers », orné d’une section de cordes et d’un piano vespéral. Sur fond de Lap Steel rêveuse, « Breaking Down » est un rock pastoral que ne renierait pas Neil Young s’il devait chevaucher son étalon fou. Et puis sur la chanson titre, « Empty Horses », le vétéran revêt son plus beau costume noir pour un hommage sincère et vibrant à Johnny Cash. Superbe de bout en bout, cette horde sauvage nous donne urgemment envie d’explorer les albums précédents d’un songwriter que nous avons manifestement un peu trop vite négligé. Il n’est jamais trop tard.

Fire Records 2020

https://www.tobinsprout.net/

TRACKLIST

1. Wings Prelude

2. The Return

3. Breaking Down

4. On Golden Rivers

5. The Man I Used To Know

6. Every Sweet Soul view

7. Empty Horses

8. Antietam

9. All In My Sleep

10. No Shame