On oublie le monde et se laisse aller, la main touchant le sol, soulevant la terre froide. Comme la sensation gracieuse d’une lente décomposition, la musique de Matthew Cooper semble surgir, précieusement, avec les pas lents d’un arpenteur de rêves, effleurant les devenirs. Avec Similes, le musicien américain derrière Eluvium semble illustrer l’enfance de la mélodie qui ne veut rien perdre de son passage, pétrie de gestes de défi, toujours prête à s’exposer et à se mettre en épreuve. Si une extrême fragilité flotte à travers des gestations méfiantes, les paroles, elles, ne franchissent pas les portes ; à peine prononcées, elles s’éclipsent, inhalées par le mouvement intime des compositions. Ici, la liberté, la légèreté et la sensualité environnante émanent de l’indécision et du tremblement ; la clarté hésitante, l’aspect dépouillé des harmonies voulant s’affranchir des ténèbres, ce sont finalement ces allures changeantes qui agitent et troublent la voie des résolutions. Une musique qui cache plus qu’elle ne montre, se soustrayant ainsi aux regards avides d’optimisme, toujours prêts à être submergés par les sentiments. Sobrement, Eluvium désorganise l’univers des émotions et se manifeste à l’instant d’élévation d’un souffle coupé.
– Le site d’Eluvium
– En écoute : “The Motion Makes Me Last”