Avec son electro-pop rêveuse, ce quatuor hexagonal signe un quasi sans faute pour leur premier essai, et s’assure (on l’espère) un succès grandissant.


De cette pochette froide et énigmatique aux premières notes Pink Floydienne de « The Child You Were », les Isaac Delusion préparent rigoureusement l’auditeur à pénétrer leur atmosphère rêveuse et lyrique. Un univers que les britons d’Alt-J – influence qu’ils revendiquent – n’auraient pas renié.

L’histoire débute en 2011 en région parisienne : Jules Paco, originaire de Vincennes, bricole sur son PC portable un morceau electro-pop qu’il abandonne finalement à son ami d’enfance, Loic Fleury. ce dernier se charge de le retaper, l’embellir, puis le laisse à son tour de côté. Cracki Records, petit label indépendant (qui sort prochainement l’endiablé Sonate Disco de L’impératrice) passe par là et demande à nos deux compères de retravailler la bande : « Midnight Sun », leur premier titre, voit le jour, et les Isaac Delusion se retrouve bientôt embarqués au très tendance Pitchfork festival, et au-delà des frontières avec le Reeperbahn Festival à Hambourg auquel ils viennent également de participer.

Entre temps, le duo est passé quatuor. Pour les besoins de la scène tout d’abord, puis cela semble être devenu une évidence, du fait d’une parfaite communion musicale. « Midnight Sun » est de fait encore retravaillé pour mieux coller à leur nouvelle perspective sonore : aérienne, méditative, avec cependant quelques irrévérences, en témoignent les paroles délicieusement cyniques de « She Pretends », la véritable perle de l’album, qui évoque une jeune fille qui se rêve être la reine de la nuit, sous drogue, apprêtée et seule dans son lit (« She pretends, night after night that she’s the queen of the spotlights, she smiles, so bright but she will never feel alright in this loneliness fight »).

Mais c’est le titre « Children Of The Night » qui nous met sur la voie d’un slogan générationnel pouvant coller à toutes les compositions de ce disque : « Pandora’s Box » fait office de tube facilement mémorisable, et suffisamment rythmé pour se tailler une place sur les dance-floors les plus branchés, (ce que tente également le funky « A Little Bit Too High », avec un peu moins de bonheur toutefois). Quant aux titres plus rock tels « Sleepwalking » et « The Devil’s Hand » (sur lesquels on croirait entendre le chanteur des Bee Gees… si !), la musique de Isaac Delusion se révèle hautement cinématographique, ce qui rajoute une corde à leur arc pour atteindre les foules. On ne leur souhaite pas moins, tant les douze morceaux proposés ici sont d’une qualité qui nous laisse… rêveur.