Projet parallèle des trippants Tame Impala, Pond donne sa vision du rock psychédélique de l’an 2012.
Deux ans en arrière, la surprise-partie psychédélique InnerSpeaker auquel nous avait convié le trio australien Tame Impala avait considérablement secoué nos esgourdes. Aussi apprenons nous avec fébrilité que l’O.V.N.I. entre nos mains est le projet parallèle de deux de ses membres, Jack Watson et Nick Allbrook -épaulés d’un 3ème larron, Joseph Ryan-, Beard, Wives Denim serait déjà leur quatrième album. On s’en doute, les deux formations des antipodes mijotent dans le même chaudron leurs potions cosmiques.
Si le véritable cerveau de Tame Impala, Kevin Parker, n’est pas de l’aventure studio, il demeure cependant pas très loin non plus et se charge des pilules- ou plutôt du mixage de l’album. Sur le plan sonique, les amateurs d’Innerspeaker ne seront certainement pas déçus du voyage : on retrouve ce stupéfiant mur du son qui les avait consacrés « Flaming Lips dansant »… Car il ne faut pas se fier au polaroïd jauni en couverture, Beard, Wives, Denim est une œuvre picturale, dotée d’une conséquente palette de couleurs vives. Un réjouissant kaléidoscope de tout ce que la pop acidulée a pu sortir entre 1966 et 1972, le tout propulsé par une imposante section rythmique bien ancrée en 2012. Sans même prêter une oreille au disque, il suffit de lire les titres des morceaux tels que « Fantastic Explosion of Time » ou encore « Sorry I Was Under The Sky » pour avoir idée du degré de délire qui se trame sur ses treize pistes…
Un chouia donc moins obsédé par les tempos hallucinogènes que Tame Impala, Pond préfère s’appuyer sur des contructions pop d’apparence classique, ceci pour mieux injecter dans ses compositions les effets pyrotechniques les plus inattendus : au hasard « Allergies », pure nectar pop west coast et son final planant au Fender Rhodes qui pourrait porter la signature de Ray Manzarek. Il est aussi beaucoup question de guitares électriques qui fusent – rectifions, « fuzz » – à tout va dès « Fantastique explosion of Time », sur un riff aussi détraqué qu’additif (question riff, « Moth Wings » s’en sort pas mal non plus). Le glam dynamité de « When It Explodes » est du Destroyer en puissance. « Elegant Design » répand ses bonnes ondes, groovy à souhait, mélangeant purs gimmicks soul et épopée synthétique.
Après tant d’agitations, la dernière plage ralentit avec le folky « Moren o’s Blend », et parvient à ne pas faire d’écart jusqu’à la dernière seconde. Un exploit compte tenu du reste de l’album. Sans doute que le trio, bien conscient d’avoir compressé tout un pan de l’histoire du rock psychédélique en 50 minutes, estimait que les auditeurs méritaient un atterrissage en douceur. Atterrissage réussi.
Pond – « Fantastic Explosion Of Time »