David Sanson est un jeune homme ambitieux que la passion de la musique dévore depuis de nombreuses années. Avec « Clear », le troisième album de son groupe That Summer, il nous délivre une musique atmosphérique sombre et envoûtante qui a la classe.


Les nouvelles de That Summer sont plutôt rares et espacées (2 albums en 8 ans) et un troisième qui voit le jour ce mois-ci sous la bannière du label Talitres Records (Flotation Toy Warning, Piano Magic, The National…). On est ravi d’apprendre que David Sanson est toujours le maître à bord de son navire à géométrie variable et qu’il n’a pas sombré avec entre temps.

Mais d’abord resituons notre homme. Originaire de Châteauroux, David Sanson a suivi de nombreuses années les classes du conservatoire et reçu de ses parents une solide culture musicale classique et jazz. C’est pourtant à l’écoute des groupes de Cold Wave et des sonorités industrielles qu’il s’est découvert un potentiel de compositeur. On connaît la suite, un premier opus remarqué en 1993 « Drowsiness of Ancient Gardens », considéré comme précurseur de la scène Dark-folk française et un second album 8 ans plus tard, « Home Is Where The Studio Is », enregistré à Berlin sous la houlette de Bernd Jestram (Tarwater) qui faisait la part belle aux expérimentations numériques.

Réalisé entre Montreuil et Montréal (dans le prestigieux studio de Godspeed You! Black Emperor, l’Hotel2Tango), « Clear » conserve les sonorités sombres qui sont désormais la marque de fabrique du groupe et joue sur le double registre acoustique et electro. Le piano de Sanson dont les notes limpides font des ronds dans l’eau (« Electric Light ») tient le premier plan et aime toujours autant se diluer dans les volutes de violoncelle et les trémolos de mandoline (le superbe dialogue « What If »).

De façon générale, l’album aborde une écriture pop plus apaisée et lumineuse dessinant des paysages minéraux auxquels les arrangements parviennent assez bien à nous faire croire. L’homme est serein et cela s’entend comme si la maturité était passée par là. Dans le ciel planent les ombres de Joy Division (l’intro monolithique de « Brand New Scar »), David Sylvian, Brian Eno ou encore Dead Can Dance (pour le petit côté « ethnique » parfois). Cet éclectisme revendiqué, Sanson le cultive tous les jours à la revue Mouvement où il assure la rédaction des pages musicales.

Enfin il est à noter que « Clear » est un album de rencontres et qu’il a bénéficié de la collaboration d’une bordée d’invités de marque : Sylvain Chauveau, Malcom Eden, Benoît Burello prêtent leur voix et leur plume, Jérôme Minière et Pierre-Yves Macé composent. La violoncelliste Rebecca Foon et la joueuse de mandoline Rachel Levine (Fifths Of Seven, Cakelk) incarnent, quant à elles, la Montreal Touch.

Résultat 12 pop-songs éthérées aux sonorités urbaines et champêtres qui nous embarquent dans un voyage sensoriel raffiné tout en apesanteur. Certes on peine un peu à trouver de la chaleur sous la glace. Certes, on peut regretter aussi l’accent frenchy des voix qui chantent en anglais, mais c’est tout de même à une bien belle croisière que Sanson nous invite.

NB. A l’heure où sont écrites ces lignes, Sylvain Chauveau projette de faire un disque de reprises de Depeche Mode. Son expérience avec That Summer aurait-elle agit comme une révélation ?

-Plus d’infos sur le site de Talitres