Chanteuse, auteur, compositeur, guitariste, mère de famille… originaire de Tours, Claire Diterzi arrive avec un bel ovni qui fait un bien fou aux timpans curieux. Un disque qui tourne en boucle.


Souvent, pour mieux comprendre la méthode créative et performante d’un(e) artiste, rien de mieux que de voir ce que cela donne en concert. C’est donc après une prestation époustouflante aux Nuits Botanique que Claire Diterzi est devenue un nom un peu plus connu dans les vastes couloirs du building Pinkushion.

Avec une pochette qui rappelle soit les productions classiques des maisons de disques Astrée et Opus 111, ou encore la nouvelle tendance francophone (Camille, Ariane Moffat). Avec de telles exigences d’affiliation, on est en droit de s’attendre à de la qualité et nous ne sommes pas déçu. On ne sera d’ailleurs pas loin ni de la première catégorie (la voix, les arrangements) ni de la deuxième (les paroles et les expérimentations diverses).

Artiste avec un grand A, Caire Diterzi est une femme qui a fini par tout faire toute seule, avec sa pédale d’effets, à expérimenter dans son studio. Franck Monnet, récemment distingué chez Emily Loizeau et Enrico Marias, est venu lui prêter main forte sur deux titres, mais pour l’essentiel c’est à elle que l’on doit l’écriture des paroles et la composition musicale. Après avoir officié au sein du groupe Forguette Mi Notte à la fin des années 80, puis avec le trio Dit Terzi (qui coulera avec Boucherie productions), Claire Diterzi a entamé une tournée avec le chorégraphe Philippe Decouflé tout en préparant son premier album solo, Boucle.

Boucle donc. La première plage est très déconcertante, et on jurerait avoir affaire à une version adoucie de l’israélienne Meira Asher, tant l’utilisation des boîtes à rythmes et de séquenceurs y est monnaie courante. « T.O.C. » nous rappelle par contre Laurie Anderson. Vaste palette donc. On comprend en tous cas qu’on est sur un terrain miné, loin des formatages lambda.

Un paragraphe suffira à peine à évoquer « Sur le pont d’Avignon ». Les paroles trempées au vitriol, choquantes à souhait («elle te plaît sa queue vas-y, vas-y fonce, elle te plaît sa queue vas-y, sur le pont d’avignon (…) C’est mon côté fille unique qui m’a rendue possessive je t’en prie prends-moi pour un con»). Le style est très particulier, tout en s’inscrivant dans la tradition des comptines qui se retiennent en deux temps trois mouvements (le titre peut porter à confusion, car il ne s’agit pas de la célèbre chanson fredonnée sur les bancs d’école).

Jouant de la guitare comme une déesse (parfois enragée comme sur « A genoux »), Claire Diterzi ne se cantonne pas à son dada. Des cordes apportent de la majesté sur « Elle est du soir » ou « La princesse arabe », dans un style – comme son titre l’indique – très particulier qui la fait chanter comme une Dalida du nouveau millénaire. Enfin, des chants de sirène maquillent « Sombre dimanche » et montrent les grands dons de Claire Diterzi dans un registre plus opérette, à la St Saens.

Enfin, « la musique adoucit les moeurs » est une très belle farandole (comme « Post-it », utilisant une petite boîte de musique qu’elle emporte jusque sur scène) qui clôt en toute finesse ce disque coloré et atypique.

– Le site de Naïve